Ludmila Pagliero débute comme danseuse étoile ce lundi soir
La nomination de Ludmila Pagliero, en mars 2012, a constitué un vrai coup de théâtre : elle remplaçait alors, au pied levé, Dorothée Gilbert, blessée, dans "La Bayadère", lors d'une retransmission en direct dans les cinémas européens. "Je ne devais pas danser dans ce ballet", se souvient-elle, interrogée par l'AFP. "Il y a eu des problèmes avec le rôle de Gamzatti. Les danseuses se sont blessées l'une après l'autre, et un jour il n'y avait plus personne pour tenir le rôle."
"Comme je l'avais dansé deux ans plus tôt, ils m'ont demandé si je pouvais assurer le remplacement, au dernier moment, sans répétition, sans même écouter la musique interprétée par cet orchestre. J'ai essayé, on a répété une heure, je me souvenais de tout. C'était une nuit historique !"
La nomination de Ludmila Pagliero comme danseuse étoile, le 22 mars 2012 au Palais Garnier
La directrice de la danse de l'Opéra de Paris, Brigitte Lefèvre, est montée sur scène après la représentation pour annoncer au micro sa nomination au rang d'Etoile. "Cela a été une grande surprise, parce que je ne m'y attendais pas, un sentiment de joie et en même temps de peur, parce que c'était une nouvelle étape où tout ce que j'avais espéré devenait réalité, et à partir de là il fallait assumer le rôle d'Etoile", se souvient Ludmila Pagliero.
La danseuse, silhouette très menue, a préparé son rôle avec application. "Je suis un peu obsédée par le travail. J'adore passer des heures à répéter, à travailler, à chercher." Le plus difficile "a été de quitter ma famille si jeune, à 15 ans", se souvient la jeune femme de 28 ans, fille d'un électricien et d'une masseuse, fière d'être "la première danseuse latino-américaine à entrer dans le monde du ballet de l'Opéra de Paris".
Formée à Buenos Aires
"Tous mes rêves de danseuse sont nés au Teatro Colón." Après sa formation à l'Institut d'art supérieur du fameux théâtre-opéra de Buenos Aires, elle fait ses débuts au Ballet de Santiago du Chili en 2000. "Partir dans un autre pays, assumer les responsabilités d'une adulte tout en restant une adolescente", autant d'épreuves qui ont forgé le caractère de la jeune fille.
En juin 2003, deux grands prix lui ouvrent les portes de l'American Ballet Theatre. Mais c'est Paris qu'elle choisit, après avoir réussi l'audition du Ballet de l'Opéra. Dès lors, elle gravit les échelons de la compagnie (154 danseuses et danseurs permanents) pour devenir première danseuse en novembre 2009.
Aujourd'hui, Ludmila Pagliero fait partie des rares danseuses à avoir intégré la prestigieuse troupe sans avoir été formée à l'Ecole de danse des "petits rats" de l'Opéra. "Ma carrière a commencé sans avoir planifié les choses, sans savoir réellement ce qu'était la vie d'une ballerine", témoigne celle qui a débuté par la danse jazz, à 7 ans, avant d'être poussée par ses professeurs vers le ballet classique.
"Je suis tombée amoureuse de cet art, ça m'a beaucoup plu, je suis devenue obsédée par le travail de tous les jours, la rigueur, la discipline que ça demande. Et grâce à Dieu, tout s'est bien enchaîné."
Ce lundi 24 septembre à 19h30, lorsque le rideau s'ouvrira sur Sérénade, premier des trois ballets au programme et première création de Balanchine aux Etats-Unis (1934), tous les yeux devraient être fixés sur elle. "Chaque moment sur scène passe très vite. Donc j'ai hâte, j'ai hâte de m'épanouir sur scène, de m'épanouir artistiquement, de donner au public aussi du rêve."
> Présentation vidéo sur le site de l'Opéra de Paris
> "Sérénade", "Agon", "Le fils prodigue", au Palais Garnier, à Paris
24 septembre - 18 octobre 2012
Ludmila Pagliero dans un extrait du ballet "La Source" (musique de Delibes et Minkus), dans les Variations de Naila
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