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Lucinda Childs, Anne Teresa De Keersmaeker et Maguy Marin dansent Beethoven à Lyon
Belle aventure qu'une "Grande Fugue" à trois : l'Américaine Lucinda Childs confronte sa dernière création autour du quatuor de Beethoven à deux autres chorégraphies, celles de la Belge Anne Teresa De Keersmaeker et de la Française Maguy Marin : une captivante leçon de danse à l'affiche de l'Opéra de Lyon jusqu'au 25 novembre, avant une tournée en France.
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Les pièces de Lucinda Childs, d'Anne Teresa De Keersmaeker et de Maguy Marin se succèdent dans le spectacle "Trois Grandes Fugues", avec un contraste saisissant d'inspiration, de lecture et d'interprétation de l'oeuvre tardive du compositeur allemand par ces trois chorégraphes de génération différente.
Trois regards très contrastés
Regard poétique, lumineux, minimaliste et post-classique pour l'Américaine, avec douze danseurs en justaucorps clairs. Vocabulaire viril, puissant, résolument contemporain, avec des interprètes majoritairement masculins, en costumes noirs, pour la Flamande. Jaillissement vibrant, heurté et tourbillonnant pour la Toulousaine qui a vêtu ses quatre danseuses de rouge.Anne Teresa De Keersmaeker et Maguy Marin avaient déjà chorégraphié "Die Grosse Fuge" de Beethoven. Leurs pièces sont entrées en 2006 au répertoire de la compagnie lyonnaise. Et c'est le directeur du ballet de l'Opéra de Lyon, Yorgos Loukos, qui a proposé à Lucinda Childs de s'emparer à son tour de cette "Grande Fugue".
"Un côté baroque, néo-moderne et post-classique"
"C'est passionnant de confronter nos trois interprétations. J'avais vu il y a longtemps celle d'Anne Teresa, mais jamais celle de Maguy", explique à l'AFP la chorégraphe américaine Lucinda Childs, figure de proue de la danse post-moderne, qui a notamment travaillé avec Bob Wilson, les compositeurs Philip Glass ou John Adams."J'ai travaillé dans un dialogue constant, intime, entre danse et musique, au plus près de la partition pour comprendre la structure, analyser le contrepoint. Je ne sais pas comment faire autrement... C'est un regard avec un côté baroque, néo-moderne et post-classique", poursuit-elle dans un français impeccable. L'orchestre de cordes de l'Opéra de Lyon "a fait un enregistrement spécialement pour cette performance. Aujourd'hui, c'est une bande-son mais j'espère travailler sur une version live. Un jour peut-être...", sourit la septuagénaire, silhouette juvénile et élégance absolue.
Sur scène, six couples de danseurs du ballet de l'Opéra de Lyon, compagnie de formation classique tournée vers le contemporain, apparaissent selon les moments en duos, quatuor ou tous les douze dans un décor du scénographe Dominique Drillot : une structure lumineuse aux lignes aériennes dans laquelle entrent et sortent les interprètes. "Chaque mouvement dans l'espace correspond à un mouvement précis de la composition. Pas facile de danser sur du Beethoven !", reconnaît Lucinda Childs, qui a collaboré à plusieurs mises en scène lyriques, dont "Salomé" de Richard Strauss en 1992 pour le festival de Salzbourg.
Tournées
L'année 2016 est décidément celle de Lucinda Childs : après sa re-création en avril de son chef-d'oeuvre "Dance" pour le ballet de l'Opéra de Lyon et la création de la "Grande Fugue", elle sera à l'honneur du Festival d'automne à Paris, qui lui consacre un "Portrait-rétrospective" en plusieurs oeuvres sur différentes scènes.Après Lyon, "Trois Grandes Fugues" tournera en Ile-de-France de fin novembre à mi-décembre, puis du 4 au 6 janvier à Grenoble, le 6 février à la Comédie de Valence, les 9 et 10 à l'Opéra de Rouen et du 25 au 27 avril à l'Opéra de Lille. Quant à la compagnie de la chorégraphe américaine, "The Lucinda Childs Dance Company", elle se produira en décembre au Joyce Theatre de New York.
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