« Le Réel » d'Israel Galvàn : la virtuosité douloureuse
D’abord il nous montrera la douleur, celle de son peuple au moment de la Seconde Guerre Mondiale… Quand les Nazis ont raflé les Roms et autres nomades d’Europe Centrale comme les Juifs pour une solution finale qui a fait moins de bruit, mais a été tout aussi redoutable.
Ce sont les chants et la musique de ses partenaires qui disent l’incrédulité gitane et l’acharnement allemand… Et c’est le corps mince et noueux, aux muscles si dessinés de Galvàn qui suggère la torture infligée… Un corps tordu, blessé, déformé, presque mutilé à force d’être persécuté.
« La Mort est un maître venu d’Allemagne »
Israel Galvàn tire décidément le flamenco vers la danse contemporaine la plus radicale… à des années-lumière du folklore qui l’ensevelit trop souvent !... Point de volants et d’accroche-cœurs suggestifs… Ce flamenco-là peut se danser en survêtement sous robe de nylon cheap, sabots de bois et fichu, comme l’une des deux danseuses qui partagent la scène avec lui le prouve magistralement !
La technique époustouflante des 3 danseurs est au service du message : elle fait « griller » une gitane sur la clôture électrifiée du camp d’extermination, tremblement létal.
La seconde danseuse aura droit à quelques déhanchements chaloupés dans un intermède titré « Carmen », Oh !... Pas pour séduire à peu de frais, mais sans doute pour figurer la vitalité indéracinable du peuple gitan, sa capacité de rébellion, son pied de nez à la mort infligée.
Certains spectateurs ont regretté l’excès de pathos… Auraient-ils préféré plus de joliesse ?... Elle aurait sans doute été hors sujet : 600 000 Gitans ont été éliminés dans les camps allemands.
"Le Réel", Israel Galvàn, au Théâtre de la Ville – Paris - jusqu’au 20 février
"Le Réel" à Montpellier Danse : Vendredi 28 juin 2013 à 20 h (Opéra Berlioz/ Le Corum)
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