Le festival du hip hop Suresnes Cités Danse fête ses 25 ans
"Il y a 25 ans, il y avait quelques initiatives mais pas de rendez-vous régulier et aucune compagnie de hip hop capable de tenir une soirée entière. On a été le premier théâtre à donner droit de cité à cette nouvelle danse née dans la rue", rappelle son directeur Olivier Meyer. Depuis la première édition en 1993, 123 chorégraphes et 773 danseurs ont dansé devant 300.000 spectateurs à Suresnes, dans la banlieue ouest de Paris. Et depuis 2008, le festival accompagne les jeunes danseurs dans leurs premières créations avec le programme Cités danse connexions.
Les milliers d'auditions organisées en 25 ans ont fait émerger plusieurs générations de danseurs, contribuant à la réputation mondiale du hip hop "à la française". Deux figures invitées dès les premières éditions, Mourad Merzouki et Kader Attou, sont désormais à la tête de Centres chorégraphiques nationaux (Créteil et La Rochelle). D'autres festivals sont nés depuis, comme Karavel et Kalypso, fondés depuis 2007 par Mourad Merzouki, qui ont fusionné en 2016 pour donner naissance à la plus grosse manifestation hip hop en France, avec plus de 41.000 spectateurs en trois mois et 90 représentations dans 26 lieux de la région lyonnaise et de l'Ile-de-France.
"Le nouveau cirque et le hip hop ont connu depuis 30 ans un succès populaire phénoménal, éclipsant presque la danse contemporaine", remarque Olivier Meyer. "Le hip hop remplit les salles", constate-t-il. Dans le paysage désormais foisonnant du hip hop français, Suresnes Cité Danse garde une spécificité : depuis ses débuts, le festival a jeté des ponts entre hip hop et danse contemporaine, contribuant à renouveler profondément la jeune discipline. "En 1993, il n'y avait pas ou très peu de chorégraphes dans le hip hop. Donc pour faire vivre de nouvelles productions, il fallait inviter des chorégraphes contemporains", rappelle Olivier Meyer.
Du rock au baroque
Le directeur du Théâtre de Suresnes, dont l'épouse Brigitte Lefèvre a été pendant 20 ans directrice de la danse à l'Opéra de Paris, a invité des pointures de la danse contemporaines : Blanca Li, José Montalvo, Jean-Claude Gallota, Laura Scozzi, Pierre Rigal, Angelin Preljocaj, Robyn Orlin... "On a créé des spectacles qui ont eu un énorme succès, je pense à Paradis, de José Montalvo (1998) qui a fait le tour du monde", rappelle Olivier Meyer. Lorsque Angelin Preljocaj vient pour une création en 2012, il choisit quatre interprètes féminines ("Royaume Uni"), alors que le hip hop est réputé être une "danse d'hommes". "Le hip hop était une danse de la performance et les filles étaient très peu présentes", rappelle Olivier Meyer. "En provoquant la rencontre entre danseurs hip hop et chorégraphes contemporains, nous avons favorisé l'émergence des filles, d'abord comme danseuses, puis comme chorégraphes". C'est ainsi que Jann Gallois, une "enfant de Suresnes", a fait ses début dans "Roméos et Juliettes" de Sébastien Lefrançois en 2009 avant de devenir "une chorégraphe très repérée", note-t-il.Un fidèle du festival, Farid Berki, met en scène le spectacle d'anniversaire du 6, 7 et 8 janvier avec 25 danseurs et des "guests" prestigieux : Kader Attou, Amala Dianor, B. Boy Junior et Mourad Merzouki. Parmi les créations figurent le nouveau spectacle d'Abou Lagraa "Dakhla" et "Scandale" de Pierre Rigal.
Un nouveau venu, à la frontière entre hip hop et contemporain, Mickaël Le Mer, présente deux pièces, "Rouge" et "Rock it Daddy" sur des musiques allant d'Elvis Presley et Chuck Berry au hip hop d'aujourd'hui avec six danseurs experts en "break" acrobatique. Aux antipodes, c'est sur le baroque de Haendel et Vivaldi que l'Américain Andrew Skeels fait évoluer ses danseurs dans la création "Fleeting".
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