La compagnie Alvin Ailey : un mois pour en faire le tour !
Et si on commençait par la fin : 38 minutes à couper le souffle tant la danse et la musique parlent à chacun d’entre nous par leur beauté et leur humanité. « Revelation », c’est le chef d’œuvre du chorégraphe Alvin Ailey disparu en 1989. La signature de la compagnie. Avec ce ballet créé en 1960, en plein combat des noirs américains pour leurs droits civiques, Alvin Ailey nous parle d’espoir. Il évoque la douleur et la joie d’une communauté qui confie à dieu son destin, exprimé à travers de magnifiques négro spirituals.
Extraits de "Revelations" (1960) de Alvin Ailey
Qu'on le découvre ou qu'on le revoie « Révélation » justifierait à lui seul d’aller applaudir la compagnie Alvin Ailey. Le problème c'est que le reste du spectacle est composé d'extraits dont certains n'ont même pas été composés pour la troupe. Et c'est ce patchwork assez incohérent qui destabilise le spectateur. En ouverture donc ce lundi 25 juin, un Paul Taylor ("Ardent Court") un peu désuet, racheté par la splendeur des corps, suivi d’un extrait de « Minus 16 » du chorégraphe israélien Ohad Maharin où l’on retrouve l’ADN de la troupe : les revendications d’un groupe en lutte.
Extrait de Minus 16 (1999) de Ohad Maharin
Après l’entracte nous voilà dans le vif du sujet avec Streams, création d’Alvin Ailey des années 70. Un mélange de sensualité africaine, de jazz, de danse moderne. Ces doigts écartés, ces corps dont toutes les parties sont indépendantes, c’est l’alphabet de la troupe.
« Takademe », ballet du nouveau directeur Robert Battle piquait notre curiosité. Ce fut un pur moment de fête, un savant dosage d’humour et de virtuosité. Seul en scène Kirven James Boyd s’envole sur une syncopée de claquements de langue.
Extrait de Takademe (1999) de Robert Battle
Et l’on se dit que Robert Battle est sans doute bien l’homme qu’il fallait pour diriger aujourd’hui la compagnie. Même si le programme s’éparpille, notamment avec le ballet « Home », de la danse urbaine qui semblait bien décalée lundi soir, ce chorégraphe démontre une capacité à élargir le répertoire de la compagnie. Une compagnie prisonnière de son passé mais capable de danser tous les styles.
La fête aurait pu être plus belle si nous avions eu moins d'extraits, pour mieux pénétrer avec des oeuvres complètes dans l'âme même de la compagnie. Pour l'amateur de ballet, il y a heureusement chaque soir une des créations mythiques d'Alvin Ailey.
Alvin Ailey, American Dance Theater
Théâtre du Châtelet, du 25 juin au 21 juillet 20012
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