Interview "Rentrer dans un opéra, c'est comme entrer dans un monument historique" : Guillaume Diop, parrain de Tous à l'opéra !

Nommé danseur étoile de l'Opéra de Paris en mars 2023, Guillaume Diop a permis d'ouvrir davantage et au plus grand nombre le monde du ballet.
Article rédigé par Maryame Bellahcen
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4 min
Le danseur étoile de l'Opéra de Paris, Guillaume Diop, lors d'une séance photo à Paris, le 17 mars 2023. (JOEL SAGET / AFP)

Un an déjà qu'il a été nommé danseur étoile de l'Opéra de Paris. Guillaume Diop est par-dessus tout premier danseur étoile noir, ce qui résonne comme un symbole pour les personnes issues de la diversité. Il est aujourd'hui une sorte d'ambassadeur de la grande famille de l'opéra, nommé parrain de la 17e édition de Tous à l'opéra !.

Un événement, du 3 au 5 mai, qui se veut festif et populaire, invitant le public à découvrir l'art lyrique et ses coulisses ainsi que les 28 maisons d'opéra qui seront ouvertes à tous pour l'occasion. Ces 28 maisons d'opéra, présentes un peu partout en France, proposeront des spectacles lyriques et chorégraphiques, des ateliers et des visites. Pour en savoir plus, le danseur de 24 ans nous a accordé un entretien.

Franceinfo Culture : Que représente pour vous l'initiative de Tous à l'Opéra ! ?
Guillaume Diop : C'est une super initiative. C'est même une initiative importante, il y a beaucoup de gens qui ont l'impression que l'opéra est un monde très éloigné et qui ne leur correspond pas forcément. Alors que rentrer dans un opéra, c'est comme entrer dans un monument historique, il y a beaucoup d'opéras en France qui sont magnifiques. C'est génial de pouvoir voir ça. L'opéra, ce n'est pas juste des danseurs et des chanteurs. Il y a plein de corps de métiers très différents et on peut travailler à l'opéra sous plein d'aspects différents et je trouve que c'est cool de mettre ça en valeur.

En parlant de "monde éloigné", comment peut-on atténuer le sentiment d'inaccessibilité de l'opéra aux jeunes ?
Je trouve que déjà, c'est important en tant que danseur à l'opéra et surtout danseur étoile de montrer qu'on est des personnes normales. Parce que certes, je suis danseur à l'opéra, mais je suis avant tout un jeune homme qui a 24 ans et qui a une vie à l'extérieur de l'opéra qui ressemble beaucoup à celles des jeunes de mon âge. En plus, l'opéra ce sont surtout des ballets et des opéras qui racontent des histoires universelles et des choses dans lesquelles on peut tous se reconnaître : on parle d'amour, d'amitié et de relations entre humains, mais dansées. Je trouve que c'est dommage de se priver de ça, surtout que c'est un endroit avec des décors et des costumes magnifiques. Je trouve que c'est dommage de penser que l'opéra n'est pas fait pour tout le monde.

Le danseur étoile Guillaume Diop lors d'une représentation de "Casse-Noisette" en 2023. (AGATHE POUPENEY)

Devenir le premier danseur étoile noir à l'Opéra de Paris est hautement symbolique. Pensez-vous que l'accès à l'opéra est encore limité pour les personnes issues de la diversité ?
J'ai l'impression que l'image qui ressort de l'opéra est souvent associée à un public assez blanc et âgé. Et c'est vrai que depuis ma nomination, mes parents qui viennent souvent me voir me disent combien les diversités sont plus présentes dans la salle quand c'est moi qui danse. Je trouve que c'est vraiment génial. Et j'ai le retour de ces personnes-là qui sont venues à l'opéra parce qu'ils m'avaient repéré à la télévision ou sur les réseaux.
Le fait de savoir ça, c'est émouvant. Le projet Tous à l'opéra ! s'inscrit complètement dans cette volonté d'ouvrir ce milieu à d'autres profils.

Pour rester dans les métiers de l'opéra, lequel selon vous n'est pas assez mis en lumière ?
Honnêtement, je trouve qu'il y en a plusieurs. Il y a ceux qui travaillent au plateau : les machinistes, les techniciens, ceux qui s'occupent des éclairages, etc. Ils ont des plages horaires qui sont absolument énormes. Par exemple, ceux qui font les décors finissent très tard et commencent très tôt pour installer et désinstaller les décors. Je trouve que c'est un corps de métier qui est vraiment très beau. Ensuite, il ne faut pas oublier tous les gens qui rendent notre quotidien plus sympathique : les personnes qui travaillent à la cafétéria par exemple, je m'entends super bien avec eux et ce sont des personnes qui me donnent le sourire tous les jours. Ceux qui travaillent dans l'ombre et qui ne sont pas sur scène sont importants pour l'équilibre de l'opéra.

En cette année d'accueil des Jeux olympiques et paralympiques, le thème de cette 17e édition de Tous à l'Opéra ! est l'esprit d'équipe. Qu'est-ce que cela évoque pour vous en tant que danseur ?
C'est primordial, déjà quand on est danseur étoile, on raconte les histoires avec au moins une ou un partenaire, si ce n'est plusieurs. Pour raconter une histoire, on a besoin du collectif. Surtout, je pense que ce qui fait la force des ballets, ce sont les corps de ballet, c'est l'ensemble, ce sont les 32 cygnes dans Le Lac des cygnes. Au-delà des danseurs, pour créer un spectacle, on a besoin de machinistes, des maquilleurs, de costumiers, des personnes qui se chargent des décors, c'est vraiment toute une grande famille qui rend ces spectacles possibles.

Pour en savoir plus, voici le site et le programme de "Tous à l'Opéra" 

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