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Bolchoï : sûr de connaître son agresseur, Filine quitte Moscou

Le directeur artistique du Bolchoï Sergueï Filine, attaqué à l'acide le 17 janvier dernier, a déclaré dimanche être "absolument certain" de l'identité de son agresseur, peu avant de quitter Moscou pour poursuivre ses soins en Allemagne.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Sergueï Filine, directeur artistique du Bolchoï (image d'archives)
 (Mikhail Metzel/AP/SIPA )

"J'ai déjà dit à plusieurs reprises que ce qui s'est passé est uniquement lié à mon travail au Bolchoï", a déclaré Sergueï Filine dans une interview à la BBC diffusée dimanche. "Il ne s'agit pas juste de soupçons envers quelqu'un, je suis absolument certain de savoir qui a fait cela", a-t-il poursuivi. "Mais je ne parlerai que lorsque les enquêteurs seront prêts à l'annoncer."

Sergueï Filine, un ancien danseur de 42 ans nommé en 2011 au poste de directeur artistique du ballet du Bolchoï, a été agressé au vitriol par un inconnu, le 17 janvier. Il souffre de brûlures au troisième degré au visage et à la cornée des yeux. Immédiatement, il avait associé l'attaque à son activité professionnelle, une piste privilégiée aussi par la police, mais n'avait pas donné plus de détails. Ses collègues ont évoqué des rivalités acerbes dans les coulisses et autour du théâtre le plus prestigieux de Russie.

Sa famille placée sous protection
Le directeur du Bolchoï, Anatoli Iksanov, avait révélé que l'artiste avait fait l'objet de menaces. Sa messagerie et son compte Facebook avaient été piratés, et son téléphone bombardé d'appels silencieux. Les pneus de sa voiture avaient également été crevés avant son agression. "Bien sûr, j'avais reçu des menaces. Je pense que je les ai mises de côté trop facilement." Sa famille est désormais en permanence protégée par des gardes du corps.

Les témoins refusent le détecteur de mensonges
Cette semaine, la police russe a indiqué vouloir recourir au détecteur de mensonge pour interroger des témoins. Mais tous ont refusé de s'y soumettre, y compris Nikolaï Tsiskaridzé, un danseur vedette du théâtre dont le conflit était notoire avec la direction du Bolchoï. Le passage au détecteur de mensonge, une pratique courante en Russie, ne peut être imposé et les résultats ne sont pas considérés comme une preuve dans la législation russe.

Sergueï Filine, la tête bandée, s'exprime pour la télévision russe le 18 janvier 2013, depuis un hôpital de Moscou (RenTV via APTN)
 (AP / Sipa)
Plusieurs interventions chirurgicales pour Filine
Depuis son agression, l'ancien danseur a subi plusieurs interventions à Moscou, notamment une greffe de peau et plusieurs opérations aux yeux. Il doit sortir de l'hôpital n°36 lundi matin pour être transféré en Allemagne, où il suivra un programme de soins post-opératoires, a déclaré dimanche le médecin en chef de l'hôpital moscovite Alexandre Mititchkine.

"Lundi, Sergueï Filine doit être transféré en Allemagne. La rééducation va peut-être être longue. Une partie se déroulera dans une clinique de la ville d'Aix-la-Chapelle", a précisé un porte-parole du ministère russe de la Santé Oleg Salagaï, cité par l'agence Interfax. "Il ne faut pas oublier que d'autres étapes de son rétablissement pourront avoir lieu dans d'autres établissements, y compris en Russie", a-t-il ajouté.

"Sergueï Filine se sent bien", a de son côté renchéri le docteur Alexandre Mititchkine à l'agence de presse. Depuis la violente attaque, l'ancien danseur n'a cessé d'afficher un moral d'acier, n'hésitant pas à se confier aux médias le visage et la tête entièrement bandés, sauf au niveau de la bouche et des yeux. Il a toujours indiqué que retrouver la vue était le plus important pour lui. "Je ne me suis jamais considéré comme étant beau", a-t-il même ironisé dans les médias russes...

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