A Lyon, Boris Charmatz construit sa "Liberté Cathédrale" au cœur des usines Fagor
Conçue pour être jouée dans les églises, c’est pourtant dans un ancien site industriel que Liberté Cathédrale est présentée pour la première fois au public dans le cadre de la Biennale de la danse lyonnaise. Là, dans l’usine d’électroménager Fagor- Brandt, située dans le quartier de Gerland à Lyon, Boris Charmatz réunit autour de lui une trentaine de danseuses et de danseurs. Une création singulière rythmée par la musique de Beethoven (le 2e mouvement de la sonate pour piano opus 111), le souffle des orgues et les volées de cloches.
Les sons de Lyon
Boris Charmatz connaît bien la capitale des Gaules. Né à Chambéry en 1973, il a étudié la danse au Conservatoire national de musique et de danse de Lyon. C’est aussi là que, à peine sorti du Conservatoire, il a présenté avec Dimitri Chamblas son premier spectacle, A bras le corps. C'était en 1993, à la Villa Gillet. "Une entrée fracassante sur la scène chorégraphique", comme on peut le lire sur le site Numeridanse, avec "une pièce qui tranchait avec les codes de l’époque".
Trente ans ont passé et Boris Charmatz revient dans ce Lyon où il a vécu, près de la cathédrale Saint-Jean. Le dimanche matin, des volées de cloches emportaient tout sur leur passage (dont les tympans du jeune Boris). "Un jour, je chorégraphierai ça", avait-il dit à l’époque. C’est chose faite avec Liberté Cathédrale. Dans cette pièce d’une heure quarante-cinq, le danseur tente de construire "une église humaine". Pour cela, il s’appuie sur une trentaine de danseurs. Pas n’importe lesquels.
Rapprochements
En effet, en août 2022 Boris Charmatz a pris la direction du Tanztheater Wuppertal, la compagnie créée par Pina Bausch en 1973. Avec les danseurs de cet ensemble, il veut développer une collaboration franco-allemande en s’appuyant aussi sur des danseurs avec qui il a déjà travaillé dans le cadre de [terrain], un projet d’expérimentations chorégraphiques "sans murs fixes, où la seule architecture est humaine".
Liberté Cathédrale est structurée autour de plusieurs univers : celui des voix avec le mouvement de Beethoven. "Conçu pour le piano, il est complexe", explique Boris Charmatz. Nous l’avons simplifié pour le chanter à l’unisson" ; celui du toucher et des contacts, porté par les sonorités de l’orgue, et enfin celui des cloches dont les volées s’apparentent à une grande fête techno. Mais le chorégraphe a aussi voulu laisser la place au silence, si présent et si palpable dans les églises. "J'aimerais faire exister l’épaisseur de ces silences, dit-il, qui sont aussi ceux des victimes (NDLR des actes de pédocriminalité dans l’église), de la méditation, du sommeil ou du corps mort."
Boris Charmatz, Liberté Cathédrale avec le ballet du Tanztheater Pina Bausch. Le 23 septembre à 21h30 et le 24 septembre à 17h00 aux Usines Fagor, 65 Rue Challemel Lacour, 69007 Lyon - Tarifs : 16€ - 29€ - 32€
Après Lyon, la pièce part en tournée :
Du 7 au 18 avril 2024 – Théâtre du Châtelet à Paris (France)
Du 14 au 19 décembre – Opéra de Lille à Lille (France)
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