Nina Hagen célèbre ses 60 ans sous le signe de Brecht
Durant près de deux heures, oeil charbonneux et bouche saignante, chevelure noire de jais retenue en couettes et ornée de fleurs et de feuilles, Nina Hagen a interprété des chansons tirées de "L'Opéra de Quat'Sous" ou d'autres classiques de Brecht et Kurt Weill, a rapporté l'AFP.
L'artiste en a profité pour défendre les causes qui lui tiennent à coeur, de Dieu à une ONG pour enfants afghans en passant par les handicapés mentaux en Allemagne. "D'ici peu j'appartiendrai au club des seniors", a-t-elle lancé à un public largement issu, comme elle, de l'ex-RDA communiste, à en juger par ses réactions aux plaisanteries sur le défunt régime.
"Sous ce toit, mon intellect a été baptisé", a-t-elle expliqué en racontant que dès l'âge de 11 ans elle s'était imprégnée des pièces de Brecht, moyennent quelques pfennigs, du haut du dernier balcon. "Merci Bertold", a-t-elle lancé à plusieurs reprises, rappelant que le dramaturge communiste avait fait de la Bible son livre préféré.
Sa mère, la célèbre actrice et cantatrice est-allemande Eva-Maria Hagen, 80 ans, a travaillé avec Brecht. "Et, il y a quelques années, c'est à l'eau que j'ai été baptisée", a-t-elle ajouté, dans l'une de ses nombreuses références à sa conversion au christianisme. Eva-Maria Hagen a volé la fin du spectacle, apparemment improvisée, en faisant hurler de rire la salle avec le récit de la conception et de la naissance de la petite Nina, diapositives à l'appui comme dans une "vraie" soirée d'anniversaire.
Et la troisième génération Hagen, Cosima Shiva, actrice et chanteuse de 25 ans, est venue chanter pour sa mère. En fait, Nina Hagen avait pris 24 heures d'avance puisqu'elle est née le 11 mars 1955. Elle s'adonne déjà à la provocation vestimentaire et musicale lorsqu'en 1976, son beau-père Wolf Biermann, poète, chanteur et dissident notoire, est déchu de sa nationalité est-allemande alors qu'il effectue une tournée en RFA, et la famille le rejoindra ensuite à l'Ouest.
Nina découvrira alors Londres et les Sex Pistols, puis elle crée le "Nina Hagen Band" à Berlin-ouest. À la fin des années 70, elle connaît un succès international, notamment avec "African Reggae" qui mélange rythmes jamaïcains et chants tyroliens. Depuis lors, au cours d'une carrière musicale en dents de scie, elle a chanté et joué du rock, du cabaret, de la musique indienne...
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