Skype soupçonné d'espionner les appels de ses utilisateurs
Plusieurs modifications dans l'architecture de son réseau sèment le doute sur le service de chat vidéo.
"Skype espionne-t-il vos conversations ?", s'interroge Le Figaro.fr vendredi 27 juillet. Selon le site, le logiciel aurait opéré un certain nombre de modifications douteuses sur son réseau. "Dans la communauté des hackers, on ne parle que de ça", relate Forbes (lien en anglais). La question est de savoir si les transformations entreprises par Skype depuis son acquisition par Microsoft, il y a quatorze mois, servent simplement à rendre le réseau plus robuste et attrayant pour les consommateurs… ou si l'histoire a un côté plus sombre.
Pour les partisans de la seconde hypothèse, Skype pourrait désormais intercepter les appels passés sur le service de chat vidéo. Autrement dit, espionner les utilisateurs, comme le pense ce contributeur de Forbes cité par Le Figaro.fr : "C'est terrifiant et nauséabond que Microsoft puisse maintenant écouter tous mes appels Skype."
Un avant et un après le rachat par Microsoft
"Pendant des années, Skype a résisté à la surveillance en ligne", souligne Slate.com (lien en anglais). Pour preuve, rappelle le site, les polices de plusieurs pays, dont l'Allemagne, ont dénoncé la difficulté, voire l'impossibilité de déchiffrer les appels suspects transitant par ce site. "C'est d'ailleurs ce qui explique son succès auprès des activistes politiques", souligne Le Figaro.fr.
Mais en mai 2011, Skype est racheté par Microsoft pour environ 8,5 millions de dollars. Les premiers soupçons naissent un mois plus tard, quand la multinationale dépose un brevet sur une technique permettant d'intercepter les échanges téléphoniques. "On ne sait pas si cette technologie a été intégrée à Skype", précise Slate.com.
Des données communiquées aux autorités ?
Mais les doutes se renforcent. D'autant que, l'année dernière, des experts ont découvert que l'architecture du réseau avait été modifiée. Désormais, les données transitent par des serveurs centraux contrôlés par la firme. "Pour ses détracteurs, cela permet d'avoir la mainmise sur les données personnelles de ses membres et, par ricochet, de pouvoir les communiquer aux autorités, voire de rendre tout échange interceptable sans que l'utilisateur en soit informé", explique Le Figaro.fr.
Pour aggraver le tout, la semaine dernière, devant un journaliste de Slate.com, la société a mis les pieds dans le plat en affirmant que "Skype coopère avec les organismes d'application de la loi autant qu'il est juridiquement et techniquement possible".
Skype dément point par point
"Toute personne ou entreprise préoccupée de la confidentialité de ses communications devrait cesser d'utiliser Skype et chercher une alternative", écrit le blogueur Dennis Howlett dans ZDnet (lien en anglais). "Cela dit, quelle est l'alternative ? Presque toutes les personnes avec qui je communique régulièrement utilisent Skype. Je doute même que cette 'menace' sur leur vie privée les pousse à passer à un autre fournisseur ou service."
A l'inverse, Ed Bott, un autre blogueur de ZDnet, estime que "Skype ne joue pas à Big Brother" : "Si vous voulez discuter avec vos petits-enfants à l'autre bout du pays, reprendre contact avec un vieil ami qui a déménagé en Thaïlande ou avoir une conversation vidéo avec votre conjoint depuis votre chambre d'hôtel après une longue journée de voyage d'affaires, vous pourrez toujours utiliser Skype sans problème." Selon lui, les mêmes questions de confidentialité se posent avec la plupart des services de chat ou d'e-mail.
Après plusieurs semaines de rumeurs, Skype a démenti point par point ces accusations sur son blog (lien en anglais), vendredi.
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