Zorro a 100 ans : "C'est une série qui a un côté Madeleine de Proust", selon une universitaire
"Zorro vivra longtemps", selon Marjolaine Boutet, maîtresse de conférences en histoire contemporaine. Elle a décortiqué sur franceinfo le succès de ce personnage qui fête ses 100 ans.
C'est un personnage qui "fait partie d'un imaginaire très ancré partout dans le monde", a analysé sur franceinfo Marjolaine Boutet, maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l'Université de Picardie-Jules Verne, spécialiste des séries. Né le 9 août 1919 sous la plume de Johnston McCulley, le personnage de Zorro fête ses 100 ans.
franceinfo : Quand on parle de Zorro, on pense avant tout à cette série Disney avec Guy Williams en héros, le sergent Garcia un peu bête et le fidèle Bernardo ?
Marjolaine Boutet : Je crois que le sergent Garcia et Bernardo ont fait énormément dans le succès de la série télé, qui est une série très visuelle. Elle fonctionne sur un comique hérité des films muets du début du XXe siècle, avec des gags visuels. Le sergent Garcia a le physique d'Oliver Hardy, Bernardo est muet donc il ne s'exprime que par signes, ça marche très bien auprès des enfants et ça ne vieillit pas.
Aujourd'hui, elle est colorisée, mais c'était une très belle série en noir et blanc, rediffusée à la télévision française et américaine. Elle continue à fasciner des générations car elle fait appel à des choses très connues : le western, le cape et d'épée, ce sont des histoires de super-héros, d'identités secrètes. Zorro se bat en plus pour la justice.
Cette série date de la fin des années 1950, elle ne compte que 78 épisodes et elle passe en boucle tous les week-ends sur France 3 à une case exposée, à 20 heures. Elle continue à avoir deux millions de fidèles. Cela paraît fou qu'elle marche encore...
Je trouve que c'est une série qui n'a pas vieilli et qui a un côté madeleine de Proust, car c'est transgénérationnel. Les auditeurs l'ont probablement découverte au moment de La une est à vous dans les années 70. Moi, je l'ai découverte avec Disney Channel dans les années 80. Il y a vraiment ce côté de souvenirs, de lieu de mémoire et on le transmet à nos enfants.
Le costume et l'épée marchent très bien. Dès les années 50, c'est ce qui a permis à Disney et à ABC de conquérir un nouveau public qui étaient les enfants, de les mettre devant la télévision et de leur vendre des produits dérivés. C'est la première série qui a vendu ses produits dérivés, il y avait les costumes de Zorro, les cabanes, les figurines. Tout cela a permis à Disney, qui n'allait pas très bien dans les années 50, de revenir profitable. Le pendant de Zorro à l'époque était Davy Crockett.
Il y a eu d'autres adaptations en série de Zorro, en dessin animé mais elles n'ont jamais eu le même succès, parce que ce n'était pas le vrai Zorro ?
Je pense vraiment que cette série, si elle a résisté au temps, c'est qu'elle est de très grande qualité, notamment visuelle. Les combats à l'épée, le cape et d'épée, est très familier du public français. C'est aussi pour cela que ça a marché. Ce sont les États-Unis – la Californie – mais c'est l'exotisme de la période espagnole. Il y a tous ces noms qui font rêver, ces costumes, ces uniformes, les dames en crinoline. C'est un univers qui ne vieillit pas parce qu'il était déjà exotique. La qualité de l'image, même si on y perd un peu avec la couleur, était superbe avec le noir et blanc.
Zorro vivra donc longtemps...
Zorro vivra longtemps, mais il a aussi énormément de postérité. Son personnage a inspiré Batman, qui a 80 ans aujourd'hui, qui a le même masque et lui aussi une double identité. Il fait partie d'un imaginaire très ancré dans les générations partout dans le monde.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.