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"The Staircase" : dénouement d'une série criminelle haletante née il y a 17 ans

Première d'un genre aujourd'hui omniprésent à la télévision, la série documentaire criminelle "The Staircase" ("Soupçons") réalisée par Jean-Xavier de Lestrade revient sur Canal+ et Netflix. Les trois derniers volets clôturent une saga judiciaire de dix-sept ans, plongée en profondeur dans le système judiciaire américain.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Temps de lecture : 3 min
Michal Peterson est accusé d'avoir tué sa femme Kathleen, retrouvée morte en bas des escaliers du domicile familial.
 (WHAT'S UP FILMS)
"Making a Murderer", "The Keepers", "The Jinx", "O.J.: Made in America": ces séries en vogue, séquencées comme une fiction autour d'une affaire criminelle, ne sont pas les premières du genre. En février 2002, lorsque Jean-Xavier de Lestrade pose sa caméra en Caroline du Nord pour filmer une affaire locale sans intérêt apparent, il invente ce nouveau format avec "The Staircase".

Ce qui devait être un documentaire de deux heures s'est transformé en huit épisodes de 45 minutes, diffusés en 2004. Cette première saison a été suivie d'un nouveau film de deux heures en 2013, et finalement de trois derniers épisodes diffusés à partir de jeudi sur Canal+. La totalité de la série sera aussi visible sous un format de 13 épisodes le 8 juin sur Netflix. 
L'épilogue de cette saga rocambolesque de 17 ans illustre aussi la dimension transactionnelle de la justice américaine. Celle de l'accusation, prête à transiger pour obtenir une condamnation et ne pas sortir du procès bredouille.

Chute mortelle

Oscarisé en 2004 pour "Un coupable idéal", le réalisateur français n'avait d'ailleurs pas en tête une série, mais un documentaire de deux heures, commandé par la chaîne américaine HBO et Canal+. Au départ, une affaire assez peu spectaculaire, au retentissement uniquement local.
 
Mais Jean-Xavier de Lestrade est intéressé par l'idée "qu'il y ait des doutes" dans le dossier Michael Peterson, un écrivain accusé d'avoir tué, le 9 décembre 2001, son épouse Kathleen qui a, selon lui, fait une chute mortelle dans l'escalier.
La tombe de Kathleen Peterson, morte dans des conditions suspectes en bas de son escalier
 (Netflix)

Attiré aussi par la personnalité de Peterson, il se lance. "C'est toujours un pari", dit-il lors d'un récent passage à New York pour le festival de Tribeca. "Personne ne pouvait imaginer, moi le premier, que l'histoire allait se développer comme ça." La suite, ce sont de multiples rebondissements, une ancienne affaire qui s'invite dans la nouvelle, la révélation de la bisexualité de l'accusé, et surtout un expert véreux qui change le cours du dossier.

La justice américaine et ses rouages

Au fil des années et de centaines d'heures de tournage, se noue une relation complexe entre le réalisateur et son sujet, qui rend difficile de trouver la bonne distance. "C'est très compliqué", admet-il. "C'est une vraie question à laquelle il n'y a pas de réponse toute faite, parce qu'on ne peut pas effacer ce qu'on vit avec les gens."
 
L'équation est d'autant plus délicate que l'accusation a rapidement refusé de s'ouvrir au réalisateur, de même que ceux des proches de la victime qui croient à la thèse du meurtre. Jean-Xavier de Lestrade compense en incluant de longues interventions de l'accusation ou des proches lors des multiples audiences de l'affaire.
L'affiche de "The Staircase" pour sa sortie au format 13 épisodes, dont 3 inédits, le 8 juin sur Netflix.
 (Netflix)

L'idée, rappelle-t-il, n'est pas de "prouver l'innocence de quelqu'un. C'est un film qui est censé être un peu à distance pour voir comment fonctionne la justice" américaine. "Aux Etats-Unis, on est dans un système de storytelling", décrit-il. "Le procès n'est là que pour que deux thèses opposées se confrontent."

Nul ne sait si le final de la série va apporter une réponse à ce mystère vieux de 17 ans mais il promet d'être haletant. Il permettra sans aucun doute de mieux comprendre les imperfections d'un système pénal américain plus préoccupé par la peine que par la recherche de la vérité.


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