Disney+ augmente ses prix et envisage de restreindre les partages de comptes face à une nouvelle chute des abonnés
Mercredi 9 août 2023, Disney a publié des résultats trimestriels mitigés pour la période d'avril à juin - 22,3 milliards de dollars de chiffre d'affaires, en petite hausse sur un an mais légèrement inférieur aux attentes des analystes - et annoncé une hausse des prix pour Disney+.
Du côté des abonnés, Le service de streaming est passé de 157,8 millions fin mars à 146,1 millions fin juin, principalement à cause du marché indien, après la perte des droits de retransmission du championnat de cricket. De fin septembre 2022 à fin juin 2023, Disney+ a perdu un total de 18 millions d'abonnés.
Hausse de l'abonnement
L'abonnement mensuel à la plateforme, sans publicité, passera ainsi de 11 à 14 dollars en octobre aux États-Unis, le double du prix initial il y a quatre ans. "Nous avions déjà augmenté nos prix en 2022", a rappelé Bob Iger, le patron de la société, lors d'une conférence téléphonique mercredi. "Et nous n'avions pas assisté à des pertes significatives du nombre d'abonnés, ce qui était réconfortant."
Ce n'est pas le seul souci du Royaume enchanté, confronté à une grève historique des scénaristes et acteurs ainsi qu'à des recettes médiocres dans les cinémas et sur les chaînes de télévision, ses canaux traditionnels.
L'entreprise a en outre prévu de resserrer la vis en 2024 sur le partage des mots de passe entre utilisateurs pour les empêcher de profiter gratuitement des contenus. Cette méthode a permis à Netflix de voir son nombre d'abonnés bondir au deuxième trimestre. Le pionnier du secteur en compte plus de 238 millions dans le monde, contre 146 millions pour Disney+.
Avec ou sans pub : deux prix en France dès novembre
La formule d'abonnement avec publicité de la plateforme de streaming vidéo Disney+, moins chère que son offre classique, sera lancée le 1er novembre prochain en France et dans huit autres pays d'Europe, en même temps qu'une formule Premium, a annoncé la plateforme jeudi 10 août. En France, cet abonnement coûtera 5,99 euros par mois, contre 8,99 euros (ou 89,90 euros par an) pour la formule sans publicité.
Les abonnés actuels auront toutefois une démarche à faire s'ils ne veulent pas payer plus cher qu'à présent. En effet, le 1er novembre, tous les abonnés seront basculés sur une autre nouvelle offre, baptisée Premium, plus chère (11,99 euros par mois ou 119,90 par an, pour un nombre d'écrans supérieur et une meilleure résolution). S'ils ne souhaitent pas payer ce prix, ils pourront "passer à l'abonnement standard ou à l'abonnement standard avec publicité".
S'ils ne le font pas, ils "seront facturés au nouveau tarif à compter du 6 décembre ou après cette date", a précisé la plateforme dans un communiqué.
Outre la France, ces nouvelles formules seront lancées au Royaume-Uni, en Allemagne, en Suisse, en Italie, en Espagne, en Norvège, en Suède et au Danemark. "Le lancement de la publicité marque une nouvelle étape de l'évolution de Disney+ sur les marchés en Europe", a commenté Jan Koeppen, président de The Walt Disney Company Europe, Moyen-Orient et Afrique, cité dans le communiqué.
L'offre avec pub de Disney+ avait déjà été lancée en décembre aux États-Unis
"Rebondir"
De fin septembre à fin juin, la plateforme de Mickey et Marvel a perdu 18 millions d'abonnés, principalement à cause du marché indien. Hotstar, la déclinaison locale de Disney, pèse quasiment un tiers du total mondial, mais elle a perdu les droits de retransmission du championnat national de cricket.
En Amérique du Nord, le service a enregistré un léger recul de 1% du nombre d'abonnés, le deuxième consécutif. Mais cet été, le nombre d'abonnés à Disney+, hors Inde, "va rebondir aux États-Unis et à l'international", a promis Kevin Lansberry, directeur financier par intérim.
Bob Iger s'est en outre félicité que 3,3 millions de personnes aient souscrit à l'abonnement avec publicités depuis son lancement en fin d'année dernière.
En termes financiers, l'activité de streaming reste déficitaire, mais elle a continué à réduire ses pertes opérationnelles sur le trimestre, à 512 millions de dollars au lieu d'1 milliard l'année dernière à la même période. "C'est encourageant", a commenté Paul Verna d'Insider Intelligence, "mais c'est principalement dû aux licenciements massifs et à la baisse des dépenses dans les contenus, plutôt qu'à de la croissance réelle".
Disney a par ailleurs vu ses ventes de films et programmes aux cinémas et chaînes de télévision diminuer de 7% sur un an, à 6,7 milliards de dollars. Le bénéfice opérationnel de l'activité a plongé de 23%, à 1,9 milliard de dollars. Seuls les revenus des parcs d'attractions, croisières et produits dérivés ont progressé substantiellement, de 13%, à 8,3 milliards de dollars.
Les demandes "irréalistes" des comédiens d'Hollywood
À Wall Street, l'action de Disney a initialement baissé lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse mercredi, mais elle progressait de près de 3% après les annonces de hausses des prix.
Sous l'impulsion du patron Bob Iger, le Royaume enchanté a entrepris de faire des économies cette année, notamment en supprimant 7000 postes et en réduisant la production de contenus. Rappelé aux commandes fin 2022, Bob Iger, 72 ans, avait déjà dirigé l'entreprise de 2005 à 2020. Le conseil d'administration du groupe a voté à l'unanimité en juillet pour prolonger son contrat jusqu'à la fin 2026.
Mais l'emblématique dirigeant a perdu en popularité ces derniers mois. Il fait face à une grève historique : les acteurs ont rejoint mi-juillet les scénaristes pour réclamer une revalorisation de leur rémunération, en berne à l'ère du streaming, et veulent obtenir des garanties contre l'usage de l'intelligence artificielle (IA). Des exigences "irréalistes", selon Bob Iger, conspué dans des manifestations de Los Angeles à New York.
"Rien n'est plus important pour cette entreprise que sa relation avec la communauté des créateurs, les acteurs, auteurs, réalisateurs et producteurs", a-t-il déclaré mercredi, avant de s'engager "personnellement à travailler pour trouver des solutions".
En attendant, la grève va permettre à Disney de réaliser des économies, a souligné Kevin Lansberry, puisque les studios dépensent moins.
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