Presse : pourquoi les fameux "T" de Télérama deviennent désormais réservés aux abonnés

Sur le site et l'appli du magazine culturel, tout le monde ne pourra maintenant plus connaître la note de la rédaction pour un programme télé, d'un livre ou d'un spectacle. Au coeur de cette démarche : l'identité même de la revue.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des journalistes de l'hebdomadaire culturel "Télérama" dans leurs bureaux, en février 2023. (JOEL SAGET / AFP)

Ils font la renommée de Télérama depuis une dizaine d'années. Les fameux "T" rouges, qui représentent les notes attribuées par la rédaction aux œuvres culturelles, ne sont désormais plus accessibles à tous. Il faut payer pour les voir. Dans un message adressé aux internautes mis en ligne le mardi 20 février, on peut ainsi lire que "la note en T est désormais réservée aux abonnés".

Concrètement, sur le site et l'application du magazine culturel, qui appartient au groupe Le Monde, seuls ceux qui possèdent un abonnement ou un compte peuvent maintenant savoir combien de "T" accompagnent l'appréciation d'un programme télé, d'un livre ou d'un spectacle. Un "T", c'est bof, deux c'est bien, trois très bien, et quatre - le maximum - bravo ! Il peut même n'y en avoir aucun... Ils restent en revanche visibles dans le magazine papier.

"La critique est le cœur de notre identité"

Et nos confrères journalistes de préciser : "La critique est le cœur de l’identité de notre journal et nous y concentrons une part importante de notre énergie et de notre expertise, en toute indépendance. Merci de votre soutien !" C'est en effet loin d'être anecdotique : l'hebdomadaire estime que la critique a un prix. Elle fait partie de son ADN, les journalistes y passent du temps, veillent à apporter une expertise plus pointue que celles que l'on voit partout sur Internet, totalement gratuitement, et dont on ne sait pas forcément la qualité. D'autant que Télérama a encore souffert en 2023 : ses ventes ont baissé de 3%, à 430 000 exemplaires. C'était 480 000 en 2020.  

Cette nouvelle page numérique marque donc un changement pour la marque : Télérama utilise la lettre "T" pour son système de notation depuis 2012. Pour les films, c'est différent : pas de lettre T, mais un dessin. Il s'agit d'une mascotte prénommée "Pénélope", comme sa dessinatrice Pénélope Bagieu, star de la BD, dont le visage féminin change d'expression selon la critique, avec cinq têtes différentes, allant des dents serrées aux cœurs à la place des yeux et à la frange qui se dresse en cas de grand enthousiasme.

Le "petit bonhomme" de Télérama baptisé Ulysse et signé Riad Sattouf, cède la place le mercredi 23 mars 2022 à Pénélope, créée par la dessinatrice et autrice Pénélope Bagieu. (TELERAMA)

"Pénélope" a d'ailleurs remplacé "Ulysse" récemment dans les colonnes de Télérama. Jusqu'en 2022, il s'agissait d'un vieux monsieur de 72 ans, imaginé quand Télérama s'appelait encore Radio-Cinéma-Télévision. Au départ, il pouvait faire 10 mimiques différentes pour les films réservés aux plus de 21 ans (l'age de l'ancienne majorité) et six pour les jeunes. Il a ensuite changé de tête plusieurs fois, avant d'etre conçu par le dessinateur Riad Sattouf... qui avait, un temps, pensé à un personnage féminin. L'idée avait été abandonnée et est donc revenue il y a 2 ans, la rédaction ne voulant plus que ses choix soit assujettis à un regard masculin. 

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