Verdun : dans les tranchées avec des combattants de la Mémoire
"S’ensevelir sous les ruines plutôt que de se rendre". Impossible de ne pas voir ce mot d’ordre écrit dans un français parfait sur un mur du fort de la Falouse à une dizaine de kilomètres de Verdun (Meuse), laissé à l’abandon pendant des décennies.
En 1916, il permettait d’observer l’attaque allemande sur les sites de Vaux ou Douaumont à 10 km de là. Il servait de base arrière où les soldats venaient au repos pendant dix jours avant de remonter au front.
Gardien du fort, Frédéric Radé bichonne tous les week-ends les tourelles de mitrailleuses. Avec ses amis de l’association "Les amis de la Falouse", il a acheté le fort 50.000 euros en 2004. Le lieu était désaffecté, comme la quarantaine d’autres forts autour de Verdun. Depuis, dès qu’ils ont un moment de libre, ils réhabilitent ces vieilles murailles humides et délabrées et tentent de leur redonner vie et de les remettre dans l’état dans lequel elles étaient il y a cent ans. Et de temps à autres, à l’occasion de commémorations, on peut entendre de nouveau résonner sur les dalles de pierre les brodequins cloutés des Poilus.
On a un patrimoine qui est extraordinaire à Verdun. Sachant qu’on ne peut pas tous les sauver mais en sauver au moins un, c’était un objectif majeur pour moi.
Frédéric Radé ("Les amis de la Falouse")
A la recherche des tranchées
Aujourd’hui, l’ossuaire de Douaumont domine les plaines, les tranchées ont été rebouchées depuis les années 70. Avec d’anciennes cartes d’état-major, David Amberg recherche leur emplacement. Chaque tranchée a un nom. David et son association, "Francs-tireurs lorrains", ont décidé de réhabiliter la tranchée "Toulouse". Il a acheté le terrain, creusé et après chaque pluie, il traque les obus que la terre ne cesse de recracher 100 ans après.
Je pense à mon arrière-grand-père"
Virginie, elle, s’occupe d’autres fragments d’histoire, les objets personnels des Poilus. Quand elle manipule ses gourdes, elle pense à son arrière-grand-père Charles Georges, mort le 12 juillet 1916.Je suis allée dans la tranchée où on l’a retrouvé parce qu’on a retrouvé l’endroit exact où il est tombé. C’est d’autant plus troublant, dit-elle en regardant ses gourdes, parce qu’il y a peut-être la sienne.
Virginie Bernassola, arrière-petite- fille du poilu Charles Georges
Pour chaque objet retrouvé, les passionnés de ces diverses associations replongent dans la bataille de Verdun. Vêtus de l’uniforme de l’époque, ils recherchent le propriétaire d’une plaque. Aujourd'hui, ils viennent de retrouver Louis-Emile Million, caporal au 150ème RI.
"On connait tout son parcours, explique l’un de ces combattants de la mémoire, il avait 30 ans, on connait toute sa vie. C’est ça qui est émouvant ".
Mais leur combat n’en est pas pour autant terminé: Il faut donner un visage au caporal Million et pour ça, retrouver une photo auprès de ses descendants pour définitivement le sortir de l’ombre où il repose depuis cent ans.
France 2 diffusera dimanche 21 février à 20h55 "Apocalypse Verdun" de Daniel Costelle et Isabelle Clarke.
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