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Unesco : les savoir-faire liés au parfum de Grasse sur la liste du patrimoine de l'Humanité

Les savoir-faire liés au parfum de Grasse ont été inscrits ce 28 novembre sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'Humanité par un comité spécialisé de l'Unesco réuni à Port-Louis (Ile Maurice). Ils recouvrent trois aspects, détaille l'Unesco : "la culture de la plante à parfum, la connaissance des matières premières et leur transformation et l'art de composer le parfum".
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Récolte des fleurs à Grasse
 (J-Charles Gérard / Photononstop)
Cette candidature était soutenue par d'autres pays - Inde, Chine, Argentine, Japon - dont la production de plantes à parfum dépend de la sauvegarde des savoir-faire grassois.

Grasse, berceau de la parfumerie mondiale, espère que ce label lui permettra d'aller plus loin, notamment dans la protection des champs de plantes à parfum malmenés par la pression foncière sur la Côte d'Azur. Le label Unesco devrait favoriser la possibilité de bloquer des terrains au service des jeunes agriculteurs et encourager des sociétés de parfumerie à signer des contrats à long terme pour garantir aux horticulteurs de pouvoir vivre de leurs récoltes. A la clé des projets comme la création d'une pépinière collective à même de fournir des jeunes plants de plantes à parfum, la réalisation de plusieurs inventaires des gestes traditionnels liés à la cueillette ou à l'extraction du parfum ou le tracé d'itinéraires de découverte touristique baptisés "Chemins parfumés".

La filière va du lycée horticole au master d'université mais "les modes de transmission sont le plus souvent informels. Aucune école ne peut enseigner toutes les subtilités de la distillation, de l'enfleurage ou de l'extraction par solvants", soulignait le dossier de candidature et certains métiers sont menacés (greffeur, souffleur de verre, distillateur). Il faut sept ans pour former un responsable de distillation, dix pour devenir parfumeur et c'est souvent en famille que se transmettent les connaissances nécessaires à la culture des plantes à parfum.

"La parfumerie, c'est comme en cuisine, on a chacun une façon de travailler"

"La parfumerie, c'est comme en cuisine, on a chacun une façon de travailler", explique Guy Serrano, retraité de chez Payan Bertrand, qui a côtoyé à ses débuts les derniers alambics en cuivre. "Lorsque beaucoup de gens partent à la retraite, la connaissance du tour de main a tendance à disparaître", ajoute-t-il. "Dans les très grosses sociétés, les ordinateurs gèrent maintenant tous les appareils, ils peuvent traiter des quantités énormes mais sans cette finesse qu'offre un travail effectué plus manuellement et au visuel". Or, face à ses extracteurs, quand il traite de la gomme de myrrhe, des fleurs de mimosa ou de la feuille de violette, "l'opérateur va savoir à la couleur, à la viscosité ou à l'écoulement de quelques gouttes si le produit est bon. Il acquiert un sixième sens. Normalement ça se transmet à l'oral mais ce genre de détail n'est jamais noté".

Grasse championne de l'enfleurage par corps gras

Dynamique dès l'époque médiévale, Grasse a vu s'épanouir la parfumerie à partir du XVIe siècle, autour de ses tanneries qui réclamaient des matières premières aromatiques pour apprêter les peaux et parfumer les gants. Grasse a aussi été championne de l'enfleurage par corps gras, embauchant à tour de bras au XIXe siècle des ouvriers chargés de déposer des pétales sur des chassis couverts de graisse pour extraire l'odeur de rose ou de jasmin. Cette technique, reléguée au musée, est réutilisée depuis peu par des sociétés qui travaillent la tubéreuse.
 
Situés entre les pré-Alpes du sud et la Méditerranée, les sols de la région de Grasse, relativement chargés en argile et conservant de ce fait de la fraîcheur, sont propices aux plantes à parfum comme le jasmin, la rose de mai, la fleur d'oranger, la tubéreuse, l'iris et la violette. Le savoir-faire grassois s'est développé dans trois domaines : les champs de plantes à parfum, l'art de composer le parfum et la transformation des matières premières naturelles.

Elle reste un poids lourd économique puisque les entreprises de la région brassent 10% du chiffre d'affaires mondial des senteurs et arômes.

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