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Un tirage du Loto pour le financement du patrimoine en péril

Le gouvernement va créer un "Loto du patrimoine" dont les recettes seront affectées à un fonds spécifique baptisé "Patrimoine en péril", a annoncé vendredi la ministre de la Culture. Par ailleurs, réagissant à la proposition de Stéphane Bern de faire payer l'entrée des cathédrales, Françoise Nyssen a déclaré que "ce n'était pas une priorité dans (sa) réflexion, mais que le débat peut être porté".
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Le château d'Alexandre Dumas à Port-Marly (Yvelines), un monument fragile parmi d'autres...
 (Archives-Zephyr / Leemage / AFP)

Ainsi, la Française des Jeux organisera un tirage spécial qui pourrait intervenir en 2018, à la veille des Journées européennes du Patrimoine, et mettra aussi en place un nouveau jeu de grattage.

La création de ce Loto spécial sera proposée au Parlement dans le cadre du projet de loi de finances rectificative pour 2017, a précisé Françoise Nyssen lors d'une présentation de sa stratégie pluriannuelle en faveur du patrimoine.

Financer des réhabilitations du patrimoine protégé et non protégé

Les recettes collectées seront affectées à un fonds spécifique. Baptisé "Patrimoine en péril", il pourra financer des réhabilitations, tant du patrimoine protégé que non protégé, y compris les sites gérés par le Centre des monuments nationaux et ceux que doit recenser la mission confiée à l'animateur Stéphane Bern par le président Emmanuel Macron.

L'animateur, apparu agacé cette semaine sur les réseaux sociaux par des critiques contre sa nomination, n'était pas présent à la conférence de presse. L'idée d'un "Loto du patrimoine" a été évoquée à plusieurs reprises par le maire DVD de Versailles, François de Mazières, et reprise à son compte par Stéphane Bern. "Le gagnant gagnera sa part habituelle, la part de l'État reviendra au patrimoine", a-t-il déclaré en début de semaine.

Reportage : L. Decherf / F. Vallet / M. Defroyenne / J. Boulesteix, C. La Rocca / C. Indjeyan

2000 monuments jugés en état de péril

Françoise Nyssen a rappelé qu'"un quart des monuments protégés sont jugés en mauvais état et que 5%, soit environ 2000 monuments, sont considérés en état de péril".

Pour aider les petites communes (moins de 2000 habitants) qui n'ont pas toujours les moyens de prendre en charge ces monuments, la ministre a par ailleurs annoncé la mise en place d'un fonds de 15 millions d'euros. Il est assorti d'un dispositif incitatif : l'État qui finance actuellement 30% des travaux, pourrait monter jusqu'à 80% si la région s'engage à ses côtés.

Plus largement, le "budget dédié à l'entretien et à la restauration du patrimoine augmentera de 5% l'an prochain" pour atteindre 326 millions d'euros. "C'est un réel effort. Ce niveau n'a jamais été atteint depuis dix ans", a dit la ministre, qui souhaite aussi remplacer les quatre guichets existant pour bénéficier d'aides par un seul rassemblant toutes les informations nécessaire aux démarches.

"La meilleure protection des églises : ne plus amputer le budget des communes", estime le maire de Versailles

En outre, ce budget de 326 millions d'euros sera "stable d'année en année sur la durée du quinquennat". "C'est la première fois qu'un tel engagement est pris", a-t-elle noté.

Tout en se félicitant de la création de ce loto, François de Mazières a estimé que "la meilleure protection de nos églises commencerait par ne plus amputer les budgets des communes qui accepteraient de faire un effort pour rénover un patrimoine". Selon l'ancien président de la Cité de l'architecture et du patrimoine, "cette nouvelle source de recettes ne compensera que très partiellement à la fois la baisse de près de 3 millions d'euros des crédits de l'État au patrimoine (897 millions en 2018 contre 900 millions en 2017 ), et les fortes baisses des dotations de l'État aux collectivités locales.

Les cathédrales payantes : "pas une priorité", pour Nyssen

Par ailleurs, interrogée sur la suggestion de Stéphane Bern de faire payer l'entrée des cathédrales, Françoise Nyssen a affirmé que "ce n'était pas une priorité dans (sa) réflexion, mais que le débat peut être porté". Elle a rappelé les obligations de la loi de 1905 séparant les églises et l'État, tout en faisant remarquer que certaines parties sont déjà payantes, comme les tours de Notre-Dame de Paris.

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