Titanic : mémoires de naufragés au Musée des lettres et manuscrits à Paris
Dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, le gigantesque et réputé insubmersible paquebot Titanic de la compagnie transatlantique White Star Line sombre au large de Terre-Neuve, cinq jours après sa mise à flot pour son voyage inaugural entre Southampton et New York. La catastrophe provoque la mort de plus de 1 500 passagers et hommes d’équipage, la plupart toujours prisonniers des entrailles du bateau, par plus de 3 500 mètres de fond.
Parmi les 700 rescapés se trouve une romancière américaine, Helen Churchill Candee (1858-1949). Passagère de première classe, elle a embarqué à Cherbourg pour rejoindre aux Etats-Unis son fils blessé dans un accident d’avion. Immortalisée dans le célèbre film de James Cameron sous le nom de Rose et les traits juvéniles de Kate Winslet, cette femme aisée, libre et divorcée avait en réalité 53 ans.
Helen relate le voyage et le terrible naufrage dans un carnet manuscrit de 36 pages.
Helen raconte d’abord l’insouciance et la joie des passagers. Puis débute la terrible, poignante et minutieuse description de la nuit du 14 au 15 avril 1912. Cette dernière page relate avec émotion le moment du sauvetage des occupants du canot n°6 par le Carpathia et les pensées de l’auteur pour les victimes du naufrage.
« […] nous dérivons ainsi, regardant d’un air hébété le grand navire brillant. Je ne suis consciente de rien d’autre que de son immensité, de sa beauté et de la diminution de la longueur des rangées de hublots éclairés. L’étrave endommagée a désormais disparu sous l’eau. L’unique espace de pont déborde en l’air au-dessus de l’arrière du navire et, en cet endroit diminué, se blottit un groupe de passagers entassés attendant la mort avec un transcendant courage et un calme qui a été le leur durant les deux dernières heures. »
Le carnet se termine par ces lignes, alors que le paquebot Carpathia vient au secours des naufragés : « Je regarde et vois une coque noire au loin. Il y a de l’animation dans le canot, et de l’espoir sur les visages blêmes. Nous changeons de cap et le vent nous aide à parcourir les lieues dans la houle. Mais je suis avec ceux dont les âmes se sont envolées. Ils doivent être encore proches, hésitant à nous quitter, avides de donner leur courage et leur altruisme à ceux dont la vie n’est pas terminée. Bouillonnant au dessus de la surface des eaux, j’aperçois la divinité de l’homme et le triomphe de l’esprit. Je me réveille sur le Carpathia alors qu’une main pleine de bonté verse un verre de whisky dans ma gorge. »
Une lettre postée depuis le titanic
Edward Pommery Colley, écrit à sa belle-soeur sur du papier à en tête du White Star Line qui exploite le navire. Passager de première classe dont Helen Churchill Candee note dans son récit la maladroite timidité, cet ingénieur irlandais qui devait fêter, le 15 avril, ses 37 ans sur le Titanic vante notamment dans cette toute dernière lettre l’immensité du bateau et la qualité de son aménagement. Il mourra dans sa cabine, comme la plupart des hommes interdits d'embarquer dans les canots de sauvetage trop peu nombreux.
Le télégramme "du diable"
Exposé également un télégramme surnommé « du diable », signé de la White Star line et adressé au sénateur de la Virginie. Il affirme que le Titanic se dirige vers le Canada avec tous ses passagers sains et saufs, alors que sur les 2500 passagers, il n’y aura que 750 rescapés, essentiellement des femmes et des enfants. Il semble qu’en plein naufrage quelqu’un ait essayé de faire réévaluer le montant de l’assurance du géant des mers.
Un parcours qui fait cohabiter lettres, manuscrits, brochures publicitaires et extraits des explorations de l’épave par James Cameron.
« Titanic », 100 ans après », jusqu’au 29 août.
Musée des lettres et manuscrits. 222 Bd Saint Germain. Paris 7e
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