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Syrie : Daesh a décapité l'ancien directeur du site archéologique de Palmyre

Le groupe Etat islamique (EI) a décapité l'ancien directeur des Antiquités de la cité antique de Palmyre, dans le centre de la Syrie, ont rapporté mercredi le chef de ces Antiquités et une ONG.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Antiquités à Palmyre
 (HO / WELAYAT HALAB / AFP)

Khaled al-Assaad, âgé de 82 ans, a été exécuté par des jihadistes du groupe extrémiste mardi après-midi à Palmyre, dans la province centrale de Homs, a indiqué le directeur général du département des Antiquités et des musées de Syrie Maamoun Abdelkarim à l'AFP.

Un des plus éminents experts du monde antique

"Daech (acronyme du groupe Etat islamique) a exécuté un des plus éminents experts du monde antique", a déploré Maamoun Abdelkarim. "Il parlait et lisait le palmyrénien et nous nous adressions à lui, quand nous recevions de la police des statues volées pour qu'il détermine si elles étaient vraies ou fausses."

Des images montrant le corps de Khaled al-Assaad accroché à un poteau ont circulé sur des sites jihadistes. Une pancarte attachée au corps identifie la victime, accusé par les jihadistes d'être un partisan du régime pour avoir représenté la Syrie à des conférences à l'étranger.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a également annoncé l'exécution de Khaled al-Assaad, indiquant qu'il avait été décapité sur "une place de Palmyre devant des dizaines de personnes".

Selon Maamoun Abdelkarim, le supplicié a été interrogé pendant un mois avec son fils Walid, l'actuel directeur des Antiquités de la ville, car les jihadistes voulaient connaître la cachette où se trouverait prétendument l'or. "Mais il n'y a pas d'or à Palmyre", a-t-il dit. Walid al-Assaad a été libéré car il souffre d'une maladie chronique du dos.

"Cette famille est remarquable car l'autre fils Mohammad et le gendre Khalil ont participé activement au sauvetage de 400 pièces antiques au moment de la conquête de la ville par les jihadistes", a ajouté Maamoun Abdelkarim. "Nous avions supplié Khaled de quitter la ville mais il a toujours refusé. +Je suis de Palmyre et j'y resterai même si ils doivent me tuer+, nous disait-il", a ajouté le directeur des Antiquités de Syrie.

Fabius condamne un "assassinat barbare", Lang "révolté"

Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a condamné l'"assassinat barbare" de l'archéologue, "un homme de savoir" qui a "travaillé avec de nombreuses missions archéologiques françaises au cours de sa carrière". Son meurtre "s'ajoute à la longue liste des crimes commis depuis quatre ans en Syrie", a indiqué le ministre dans une déclaration. "Les responsables de tous ces actes devront en rendre compte devant la justice."

De son côté, Jack Lang, président de l'Institut du monde arabe, a exprimé sa "révolte" face à la décapitation de l'ancien directeur du site antique de Palmyre. "Cet homme admirable a pendant 50 ans servi la restauration et la protection de ce trésor de l'humanité. Par attachement à ces lieux, il avait refusé de quitter Palmyre", ajoute l'ancien ministre de la Culture de François Mitterrand dans un communiqué.

"Ces hommes qui l'ont assassiné sont des monstres. C'est la lie de l'humanité. Qu'on cesse d'accoler le mot islam, religion de paix et de lumière, à une entreprise de négation de l'humanité."

Palmyre aux mains de l'EI depuis fin mai

À la fin du mois de mai, les jihadistes ont ravi aux forces du régime le site de Palmyre, qui abrite des ruines antiques mondialement connues et classées par l'Unesco au patrimoine mondial de l'Humanité. Depuis, la communauté internationale craint que l'EI ne détruise les nombreux trésors archéologiques de cette cité antique baptisée la "perle du désert syrien", à l'instar de ce que le groupe ultra radical sunnite a fait en Irak.

La version rigoriste de l'islam sunnite prônée par l'EI proscrit formellement la visite de sites archéologiques ou historiques et considère les statues humaines ou animales comme de l'idolâtrie.

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