Sur les traces des premiers Parisiens au Musée Carnavalet
Décidément, l’image d’Epinal de l’archéologie, celle d’une discipline parfois poussiéreuse et ennuyeuse, ne tient plus. La preuve ? Cette exposition, qui présente de manière très vivante et intelligente les résultats d’une fouille de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). Une fouille menée rue Henry Farman dans le XVe arrondissement de la capitale.
Pendant la période du Mésolithique moyen (8000-6500 ans avant notre ère), l’endroit, situé à quelques centaines de mètres de la Seine, servait régulièrement de campement provisoire à des chasseurs-cueilleurs nomades. A cette époque, « dans un paysage où la forêt remplace peu à peu la steppe glaciaire, où le cerf, le chevreuil et le sanglier succèdent au renne, au cheval de Przewalski et au mammouth, l’homme (doit) s’adapter à ces nouvelles ressources animales et végétales », constate le communiqué de l’Inrap.
Arcs et flèches conviennent alors mieux que la sagaie à ce nouvel environnement. Dans leur campement parisien, les chasseurs fabriquaient les armes dont ils avaient besoin ainsi que divers outils pour la découpe de la viande et le travail des peaux.
L’exposition resitue ces différents objets dans leur contexte. On admirera la finesse et la petite taille de pointes en silex fixées sur les hampes des flèches au moyen d’une résine. Comme leurs homologues de la Préhistoire, hommes et femmes du Mésolithique ne gâchaient rien. Une canine de sanglier leur servait de couteau, un bois de cerf à fendre du bois végétal.
Grâce à des études microscopiques poussées, les scientifiques retrouvent sur certains outils des microtraces qui permettent de comprendre leur fonction, les gestes effectués pendant leur utilisation. C’est par exemple le cas d’une pierre de forme ovale qui présente une arête dentelée : l’objet servait probablement à travailler une manière dure animale comme des cornes de cervidé.
Les archéologues ont également retrouvé des restes humains, les plus anciens jamais découverts à Paris: un fragment de fémur et un élément de mâchoire adulte, en deux morceaux. Celle-ci comporte encore quatre dents. Lesquels montrent une usure marquée mais n’ont aucune carie ni dépôt de tartre. Nos ancêtres de cette période avaient apparemment une bonne santé dentaire !
Malgré l’intérêt des panneaux et des vidéos, on regrettera la taille très réduite de l’exposition, coincée à l’entrée du département préhistoire et antiquité du musée. On le regrettera d’autant plus que les salles de ce département sont actuellement fermées. Un peu frustrant pour celui qui souhaite approfondir la visite mésolithique…
«Sur les traces des premiers Parisiens» au musée Carnavalet, 23 rue Sévigné, Paris, du 10 septembre 2013 au 31 décembre 2014.
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