Sauvée de la décharge, la momie d'une fillette égyptienne entre au musée
Sauvée par le plus grand hasard de la décharge lors d'une collecte d'objets encombrants en 2001 en région parisienne, Ta-Iset a été restaurée pour être bientôt exposée. Du parcours de celle qui a d'abord été surnommée "Toutemcombrant 1er" avant d'être enfin identifiée, on ne sait presque rien.
Reportage : I.Dupont, P.Lassus, R.Roma
La petite momie doit son sauvetage in extremis à des employés de voirie. Devant cet objet peu ordinaire déposé sur un parking de Rueil-Malmaison, en proche banlieue parisienne, ils ont la présence d'esprit d'avertir le musée local qui confirme rapidement : c'est bien une momie, dans son cercueil.
Une mystérieuse inconnue s'en est débarrassée
La dame qui s'en est débarrassée a disparu sans laisser de nom. "Je ne pourrais même pas la décrire, c'est allé très vite", raconte à l'AFP Jean-Louis Parichon, adjoint à la voirie. "Quand les gens arrivent on leur demande ce qu'ils ont à évacuer, si c'est du bois ou de la ferraille. On lui a dit +Ça doit être du bois+ et la dame a répondu +Non c'est une momie !" Quand elle a dit ça, "on a regardé l'objet, plus que la dame et après, avec l'affolement, la dame est partie..."En dépit des appels à témoin, elle ne s'est jamais manifestée, gardant pour elle le mystère des origines de la petite momie de 92 cm, regrette Marie-Aude Picaud, directrice du musée d'histoire locale. Un mystère auquel la science a permis de répondre partiellement.
Ta-Iset, dont le nom est inscrit sur le cartonnage qui la protège, est une fillette de quatre à cinq ans, a révélé un scanner réalisé peu après sa découverte. Elle a vraisemblablement vécu dans la région d'Akhmîm, ville de Haute Egypte située sur la rive droite du Nil, entre 365 et 170 avant Jésus-Christ, indiquent la datation au carbone 14 et l'étude stylistique de ses cartonnages.
De la vallée du Nil aux Hauts-de-Seine
Comment est-elle arrivée en banlieue parisienne ? Là, la science doit se contenter d'hypothèses. "Rien dans nos recherches ne nous permet de mettre en lumière comment elle a transité jusqu'à Rueil-Malmaison", reconnaît Noëlle Timbart, conservatrice chargée du suivi de sa restauration.La momie a vraisemblablement traversé la Méditerranée au XIXe siècle, en pleine "égyptomanie", pour décorer une propriété de Rueil. Un anneau métallique fixé au cercueil laisse penser qu'elle a été accrochée à un mur, précise Marie-Aude Picaud.
C'est grâce à elle que Ta-Iset va pouvoir être admirée à nouveau. En 2012, alors qu'elle vient de prendre la tête du musée de Rueil, Marie-Aude Picaud contacte le Louvre et le Centre de recherche et de restauration des musées de France pour remettre en état la momie qui se trouve depuis dix ans dans les réserves.
Opération sauvetage
Après avoir récolté plus de 18.000 euros, la petite Égyptienne est accueillie début 2014 à Versailles par une équipe d'une douzaine de personnes qui se relaient pour la bichonner. Leur objectif : nettoyer la momie et faire en sorte qu'elle cesse de se dégrader."Nos équipes ont beaucoup travaillé sur les textiles : dépoussiérage, remise en place des bandelettes, enveloppement par un voile de crêpeline", détaille Noëlle Timbart auprès de l'AFP. "Les cartonnages ont été nettoyés et solidifiés. Nous avons aussi créé un plateau pour la manipuler sans la toucher car certaines de ses articulations sont très fragiles."
Fin mars, Ta-Iset a réintégré les réserves du musée. Avant de dévoiler au public les détails et les couleurs saisissants de ses cartonnages, elle doit encore attendre la restauration de son cercueil et l'installation de sa vitrine. Rendez-vous début 2016, prévoit Marie-Aude Picaud.
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