Rouen : les collections du musée Jeanne d'Arc dispersées aux enchères
Une affiche de la propagande nazie montrant Jeanne d'Arc émergeant des ruines de la ville de Rouen, bombardée par la Royal Air Force, accompagnée de la légende "les assassins reviennent toujours sur les lieux de leur crime", a été vendue 950 euros (pour une mise à prix initiale de 200 euros). "C'est une affiche éditée en 1944 à 2.000 exemplaires, elle est assez rare et assez spectaculaire", a commenté Jean-Jacques Bisman, commissaire-priseur et directeur de cette salle des ventes installée dans une ancienne église dédiée à Jeanne d'Arc.
Une saynette du musée, avec personnages en cire et mobilier, a atteint les 700 euros lors de la vente. Une reproduction en fer blanc de l'armure de Jeanne d'Arc, pesant quelque 40 kilos avec la tête de la pucelle réalisée en cire, a été vendue 380 euros.
Les prix n'ont pas connu d'envolée significative mais "ça c'est très bien passé", a estimé Me Bisman dont la fille, Me Delphine Bisman, jeune commissaire priseur de 29 ans, animait les enchères.
Une huile sur toile de Frédéric Legrip représentant Jeanne d'Arc de 1861 a été vendue 1.400 euros; cinq volumes de Quicherat sur l'histoire de Jean d'Arc, en parfait état, sont partis à 1.100 euros.
La fin du musée, faute de repreneur
La vente marque la fin du musée Jeanne d'Arc de Rouen, faute de successeur à son propriétaire, Alain Préaux, qui part à la retraite et y recevait environ 20.000 visiteurs par an. Il avait lui-même pris la succession de son père en 1977. Le musée était installé dans une ancienne maison donnant sur la place où fût brûlée Jeanne d'Arc en 1431.
Si aucune collectivité n'a souhaité reprendre le musée, la communauté d'agglomération a cependant prévu d'ouvrir, à l'automne 2014, un "historial" moderne consacré à Jeanne d'Arc dans les locaux de l'archevêché où fut prononcée sa condamnation en 1431 et sa réhabilitation en 1456. Le coût de cet historial est estimé à 10,6 millions d'euros.
Pour pénétrer dans ce petit musée, il fallait pousser une lourde porte en bois. Au fond d'un couloir sombre, dans des loges éclairées, creusées dans les murs, apparaissaient des personnages de cire à taille humaine formant de petites scènes didactiques : Jeanne priant dans la campagne à Domrémy, Jeanne obtenant une escorte à Vaucouleurs, Jeanne auprès de Charles VII, Jeanne condamnée au bûcher...
Le visiteur pouvait admirer de petites maquettes en carton résumant le court et terrible passage de Jeanne à Rouen. Il pouvait aussi voir un buste de la Sainte, une reproduction de son armure pesant 40 kilos et d'innombrables objets : du calendrier au bon du trésor, en passant par des jeux de cartes, bougies ou assiettes, où apparaît la Pucelle.
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