Premier séquençage du génome d'un Phénicien vieux de 2.500 ans
Le séquençage a été fait sur le plus ancien ADN phénicien connu, obtenu des restes d'un jeune homme appelé "Ariche" ou encore "le jeune homme de Byrsa", ont précisé ces chercheurs dont les travaux sont publiés mercredi dans la revue américaine PLOS One.
Il s'agit de l'ADN dit "mitochondrial", qui est transmis par la mĂšre. Le sĂ©quençage a rĂ©vĂ©lĂ© que cet homme appartenait Ă un groupe gĂ©nĂ©tique rare appelĂ© "U5b2c1", dont l'ancĂȘtre maternel commun Ă©tait originaire d'une rĂ©gion cĂŽtiĂšre du nord de la MĂ©diterranĂ©e, trĂšs probablement de la PĂ©ninsule ibĂ©rique, explique le professeur Lisa Matisoo-Smith de l'UniversitĂ© de Otago en Nouvelle-ZĂ©lande, principal co-auteur de cette Ă©tude. Selon elle, cette dĂ©couverte signale la prĂ©sence la plus ancienne en Afrique du Nord du groupe gĂ©nĂ©tique (haplogroupe mitochondrial) europĂ©en "U5b2c1". Ces chercheurs l'ont datĂ©e d'au moins la fin du sixiĂšme siĂšcle avant l'Ăšre chrĂ©tienne.
"L'haplogroupe U5b2c1 est considéré comme l'un des plus anciens en Europe et est lié aux populations de chasseurs-cueilleurs", explique la professeur Matisoo-Smith. "Ce groupe génétique est trÚs rare dans les populations modernes européennes avec une fréquence de moins d'un pour cent", précise-t-elle. Les traits de l'ADN mitochondrial du jeune homme de Byrsa se rapprochent le plus de ceux des Portugais d'aujourd'hui, relÚve cette scientifique. Les chercheurs ont analysé l'ADN mitochondrial de 47 Libanais contemporains et n'ont en revanche trouvé aucune trace de la lignée génétique U5b2c1.
Inventeurs du premier alphabet
On situe les origines des PhĂ©niciens dans la rĂ©gion oĂč se trouve aujourd'hui le Liban. Leur influence s'est propagĂ©e dans tout le bassin mĂ©diterranĂ©en, oĂč ils ont Ă©tabli des colonies et des comptoirs comme Ă Carthage, en Tunisie, devenu le principal port du commerce punique. Des recherches prĂ©cĂ©dentes avaient dĂ©couvert cet haplogroupe dans l'ADN de deux anciens chasseurs-cueilleurs retrouvĂ©s sur un site archĂ©ologique dans le nord-ouest de l'Espagne, indiquent les scientifiques."Alors qu'une vague de peuplades agricoles venues du Proche-Orient a remplacĂ© les groupes de chasseurs-cueilleurs qui Ă©taient en Europe, certaines lignĂ©es gĂ©nĂ©tiques de ces derniers ont persistĂ© plus longtemps dans l'extrĂȘme sud de la pĂ©ninsule ibĂ©rique et sur des Ăźles Ă proximitĂ© avant de se retrouver dans le +melting pot+ de Carthage via le commerce punique", suppute la professeur Matisoo-Smith. Elle souligne que la culture et le commerce phĂ©nicien ont eu une influence importante sur la civilisation occidentale, rappelant que les PhĂ©niciens ont notamment introduit le premier alphabet.
"Mais nous savons peu des PhĂ©niciens eux-mĂȘmes Ă l'exception des rĂ©cits probablement biaisĂ©s de leurs rivaux romains et grecs", poursuit la chercheuse qui espĂšre que cette derniĂšre dĂ©couverte gĂ©nĂ©tique et d'autres travaux en cours permettront d'apporter de nouveaux Ă©clairages sur les origines des PhĂ©niciens, leur culture et leur influence.
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