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Pompéi et Herculanum avant l'éruption du Vésuve, au British Museum

Le British Museum de Londres propose jusqu’au 29 septembre 2013 une exposition intitulée «Vie et mort à Pompéi et Herculanum», à travers quelque 250 objets. Une exposition passionnante, à la muséographie aérée et résolument moderne.
Article rédigé par franceinfo
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Peinture représentant le boulanger Terentius Neo et sa femme, trouvée dans la maison du couple à Pompéi. Avec le matériel d'écriture qu'ils tiennent dans leurs mains (elle, des tablettes de cire; lui, un rouleau de papyrus), ils entendent montrer leur statut social. Mais aussi leur culture.
 (Soprintentendenza Speciale per i Beni Archeologici di Napoli e Pompei - Trustees of the British Museum)

En ce mois d’août de l’an 79 après J.-C., en plein jour, ce fut la nuit. Puis l’enfer : une température de 400 °, des flots de lave et de boue sortis des entrailles du Vésuve, envahissant Pompéi et Herculanum, deux cités installées aux pieds du volcan. La première, comptant entre 12.000 et 15.000 habitants, était le centre économique de la région, tandis que la seconde était une petite ville de villégiature de 4000 à 5000 personnes sur l’Adriatique. Plus de la moitié de la population, souvent jeune, était constituée d’esclaves ou d’affranchis.
 
L’éruption volcanique a littéralement interrompu et, en quelque sorte, fossilisé la vie quotidienne de ces milliers d’habitants. Ce qui permet aujourd’hui de savoir très précisément qui ils étaient et ce qu’ils faisaient au moment du drame. On les voit aussi tenter de fuir. Et mourir, comme le montrent les moules de ces corps d’une même famille présentés dans l’exposition, la mère allongée avec l’un de ses enfants serré contre elle, le père les membres contractés dans la mort. En tout, on a retrouvé les restes de 1150 corps à Pompéi, 350 à Herculanum.

Un habitant de Pompéi dans les affres de la mort pendant l'éruption du Vésuve à Pompéi. La photo montre le moule du cadavre, fabriqué à l'époque moderne.
 (AFP - Carl Court)
Les deux villes ont été détruites, et conservées, de manière différente. Alors que Pompéi a été enfouie sous 4 mètres de cendres, Herculanum, dont seul un tiers a été fouillé, repose sous 24 mètres de débris volcaniques. Ce qui a permis d’y découvrir des bâtiments de trois étages bien conservés ou des objets en bois. Tels ce… banc de jardin. Ou cet émouvant berceau de bébé, sur le modèle de ceux qu’on utilisait il y a encore quelques dizaines d’années.
 
Paraître avant toute chose
L’exposition du British Museum offre ainsi un aperçu saisissant sur le vie quotidienne d’une population antique. Le visiteur est invité à se promener dans une maison antique dont il découvre, au fur et à mesure, les différentes parties : salle à manger (triclinium), chambre à coucher (cubiculum), cuisine (culina)…
 
Quand on parle de «vie quotidienne», c’est au sens propre du terme. La preuve ? La présentation de… ces graffitis reprenant des citations du poète Virgile, l’auteur de l’Enéide, ou ces dessins, véritable bande dessinée, représentant des scènes de taverne. Comme ces deux hommes en train de jouer à un jeu et s’invectivant avec des termes sexuels très crus. D’une manière générale, la sexualité était très présente à Pompéi et Herculanum, comme le montrent ces peintures de couples en pleins ébats amoureux, avec un esclave discrètement présent en arrière-plan…
 
Ruines de Pompé, avec, derrière, le Vésuve, celui par lequel le drame est arrivé...
 (AFP - Photononstop - Wojtek Buss)
Dans le même temps, l’apparence jouait un grand rôle: il ne fallait pas hésiter à montrer qui l’on était. Dès l’entrée (atrium) de sa maison, le propriétaire étalait sa richesse pour impressionner ses visiteurs, comme en témoigne cette tablette de marbre couverte avec la vaisselle d’argent du foyer. Le côté bling-bling de la société romaine en quelque sorte…
 
L’apparence, c’était également le soin apporté à la toilette : on admirera notamment cette peinture de femme se regardant dans son miroir. La grâce féminine était présente à tous les instants, comme le montre cette somptueuse et mystérieuse statue en bronze, dont les yeux de pierre et d’ivoire se fixent dans ceux des humains du XXIe siècle.
Statue en bronze (Ier siècle avant J.-C.), provenant de la villa des Papyrus à Herculanum. Elle représente une femme en train d'attacher sa robe
 (Soprintentendenza Speciale per i Beni Archeologici di Napoli e Pompei - Trustees of the British Museum)
 
L’exposition ne se contente pas de présenter les parties nobles de la maison. Elle conduit aussi les visiteurs contemporains dans les pièces moins visibles comme la cuisine (qui servait aussi accessoirement de toilettes !). On peut ainsi voir les aliments du Ier siècle de notre ère, tel ce pain carbonisé avec la marque du boulanger qui l’a fabriqué. Au passage, on découvre que les Romains élevaient et mangeaient des loirs, petits mammifères au pelage gris, roulés dans du miel, frits ou cuits…
 
«Vie et mort à Pompéi à Herculanum» n’est donc pas une énième exposition sur deux cités très médiatisées. La muséographie du British Museum, résolument moderne et interactive, tout en étant d’une grande richesse scientifique, en rend la visite particulièrement attractive. Alors si vous passez par Londres…

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