Les bouquinistes de Paris ont résisté au temps, et traversé plus de quatre siècles. Aujourd'hui, leur urgence est de recruter la relève. Ses 2 000 livres, Jérôme Calais les a chinés avec soin, pour les revendre auprès des amateurs. Bouquiniste depuis 30 ans, il l'est pour l'amour des textes, et la vie sur un quai de Seine, à l'air libre. "On est les paysans de Paris ! On est tout le temps en train de regarder le ciel, parce qu'on se méfie de la flotte", explique-t-il. Julien Anido, lui, est nouveau dans le métier. Il a été sélectionné suite à un appel d'offres de la ville de Paris, et est déjà adoubé par les bouquinistes chevronnés. Des boîtes à trésors Comme le métier ne rapporte pas plus qu'un smic mensuel, Julien va mener de front ses deux activités, celles de bouquiniste et de guide touristique. Au 19e siècle déjà, on chinait l'ouvrage rare ou la belle estampe. Puis, les marchands de livres se sont enracinés. Ils sont aujourd'hui 240 sur 3 km de quais, cédés par la mairie. Avant de s'installer, il a constitué dans sa cave un petit trésor, "entre 500 et 600" ouvrages, chinés dans des vide-greniers ou des particuliers. Estelle Janaudy a quant à elle un petit souci : un bel emplacement, mais pas de boîtes à acheter. À partir de sa nomination, elle a trois mois pour s'installer, autrement, elle peut perdre sa place. Pour les 18 apprentis bouquinistes sélectionnés, c'est donc une course contre la montre qui s'engage.