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Nantes : l'orgue de la cathédrale, un grand monument baroque, a été ravagé par les flammes

L'orgue baroque de la cathédrale de Nantes avait été sauvé sous la Révolution, il avait échappé aux flammes lors de l'incendie de 1972, cette fois-ci, il a été ravagé par le feu

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
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L'orgue baroque de la cathédrale de Nantes (30 janvier 2019) (FRANCK DUBRAY / PHOTOPQR / OUEST FRANCE / MAXPPP)

Le grand orgue de la cathédrale de Nantes, ravagé par les flammes samedi, dominait la nef de l'édifice depuis quatre siècles. D'après les premiers éléments, l'instrument semble avoir été entièrement détruit dans le sinistre qui s'est déclenché samedi matin dans la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul et qui a été rapidement circonscrit par les pompiers.

"D'après les derniers éléments, c'est l'orgue qui aurait été détruit et c'est de là que le feu serait parti, sans doute pour des raisons criminelles. Effectivement, le grand orgue, avec sa structure en bois, est évidemment extrêmement sensible aux incendies. Le buffet date du 18e siècle, de l'Ancien Régime", a confié l'historien de l'architecture Mathieu Lours à franceinfo. Pour lui, "c'est un drame parce que c'est un des plus beaux orgues de France qui vient de partir en fumée"

La plateforme sur laquelle il se situe, érigée en 1620 et à laquelle mène un escalier de 66 marches, est "très instable et menace de s'effondrer", selon les pompiers.

"C'était un très beau monument, un orgue baroque du 17e siècle, très ancien", souligne auprès de l'AFP Paul Chopelin, maître de conférence en histoire moderne à Lyon et membre du CTHS (Comité des travaux historiques et scientifiques).

Il a failli être fondu sous la Révolution

A son origine en 1621, l'instrument du facteur Girardet était doté de 27 jeux. Au cours des siècles, l'orgue a fait l'objet de cinq restaurations, portant leur nombre à 74, soit 5 500 tuyaux.

En 1784, lors d'une première grande restauration-extension, François-Henri Cliquot a porté l'instrument à 49 jeux répartis sur 5 claviers manuels et un pédalier, lui donnant son esthétique classique.

"Sous la Révolution, quand la cathédrale est devenue nationale, les autorités pensaient tout simplement le détruire et envoyer les tuyaux à la fonte. C'est l'organiste qui l'a sauvé en disant que ça pouvait servir pour les cérémonies révolutionnaires", raconte Paul Chopelin.

Sauvé de l'incendie de 1972

Au XXe siècle, une nouvelle grande restauration-extension, oeuvre du facteur Joseph Beuchet, a apporté à l'instrument une modernité tant technique (transmission électrique, combinaisons ajustables) qu'esthétique. Cette dernière restauration a été marquée par de nombreux contretemps. L'orgue, démonté en 1956, n'a été inauguré qu'en novembre 1971. Le nombre de jeux a été alors porté à 74, contre 89 dans le projet initial.

Deux mois plus tard, le 28 janvier 1972, la cathédrale est ravagée par un incendie. "Seuls le courage et l'abnégation des compagnons de la Manufacture Beuchet-Debierre, rappelés de nuit, Joseph Beuchet fils à leur tête, et de l'abbé Félix Moreau, lui aussi présent, agissant en concertation avec les pompiers, permirent de sauver le grand orgue", précise le site de la cathédrale.

Depuis 1627, 34 organistes se sont succédé à ses claviers.

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