Masques Hopis : la vente aura bien lieu aujourd'hui
La société de vente EVE a décidé de maintenir la vente. "Suite à une demande du chargé d'affaires de l'ambassade des Etats-Unis à Paris envoyée samedi qui demandait le report de cette vente des masques des tribus Hopi et Apache San Carlos à une date ultérieure, argumentant entre autres que les représentants des dites tribus n'avaient pas eu le temps de se déplacer pour apprécier les masques visuellement, la maison de ventes a répondu dimanche que d'une part la tribu Hopi avait eu la possibilité de faire valoir ses arguments devant le juge et qu'elle avait été déboutée, d'autre part un échange de courriers motivés a eu lieu avec la tribu Apache San Carlos", a indiqué EVE.
"La vente sera donc réalisée dans la plus stricte légalité", a déclaré le commissaire-priseur Alain Leroy, cité dans un communiqué. Elle commencera à 14H00.
Vendredi, l'association de défense des peuples aborigènes Survival International avait été déboutée par la justice française de sa demande de suspension de cette vente aux enchères de 25 masques Hopis. La tribu Hopi a, elle, été déclarée irrecevable à agir, dans une ordonnance de référé.
Des masques de cérémonies religieuses
L'association Survival International avait assigné la maison de ventes EVE devant le tribunal de grande instance (TGI) de Paris pour obtenir le retrait de 25 masques Hopis de sa vente, prévue le 9 décembre à l'Hôtel Drouot, qui comprend un total d'environ 400 objets.
Début avril, l'association avait déjà tenté, sans succès, de faire suspendre une autre vente, qui portait sur 70 masques et qui avait été organisée également à Paris. Les masques, appelés "Katsinam" par les Hopis, sont portés par des danseurs de la tribu lors de cérémonies religieuses, généralement interdites aux personnes de l'extérieur.
"Si la vente de ces objets cultuels peut constituer un outrage à la dignité de la tribu Hopi, cette considération morale et philosophique ne donne pas à elle seule droit au juge des référés de suspendre la vente de ces masques qui n'est pas interdite en France", a notamment considéré la juge des référés, Claire David.
L'ordonnance pointe également qu'"aucune disposition législative française n'interdit la vente d'objets provenant de la tribu Hopi". Cette tribu amérindienne compte entre 8.000 et 18.000 membres, selon les estimations. Ils vivent dans le nord-est de l'Arizona aux Etats-Unis.
Les positions de part et d'autre
L'association souhaitait que la vente soit suspendue et que l'affaire soit, ensuite, jugée au fond. "Le fait que ça fasse deux fois de suite qu'on a la même ordonnance, avec presque les mêmes termes, démontre qu'il y a une volonté politique que cette question n'aille pas plus loin", a commenté Pierre Servan-Schreiber, avocat de l'association Survival International et de la tribu Hopi. "Un jour ou l'autre, on finira bien par considérer que tout ne peut pas s'acheter ou se vendre", a-t-il exhorté.
Pour Corinne Matouk, avocate de la maison de ventes EVE, "l'ordonnance reprend les motifs que nous avons soutenus, qui sont des motifs de droit". "On juge en droit et pas en équité. En réalité, le tribunal n'avait pas tellement le choix", a-t-elle estimé.
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