"Made in Africa - Dans ma valise" : un joli recueil de mille et un objets artisanaux dénichés sur le continent africain
"Poterie, vannerie, bijouterie, textile, teinture, tissages et accessoires divers (...) Des objets utiles, des souvenirs originaux, à collectionner, gais, colorés, beaux, que les voyageurs peuvent rapporter dans leurs bagages. Car derrière chaque création, se cache un artisan ; parfois un artiste qui donne de la couleur à la vie. C’est à la rencontre de cet univers si unique et original que je nous entraîne", promet la journaliste et écrivaine Hortense Assaga dans un beau livre, autoédité, intitulé Made in Africa - Dans ma valise.
Consacrée à l'artisanat produit dans les pays du continent africain qu'elle a très souvent visités (une quarantaine), cette exploration photographique est agrémentée de savoureuses anecdotes qui racontent l'affection qu’Hortense Assaga – dénicheuse et collectionneuse revendiquée – porte "à ces objets qui signent, dit-elle, notre identité" et qui sont accessibles à tous là où ils sont fabriqués. "Mes intérieurs sont décorés avec tous ces objets et souvent cette question m'est posée : 'Es-tu sûre que c'est en Afrique que tu trouves tout ça ?' ". "Les personnes qui feuilletteront ce livre ouvriront différemment leurs yeux quand ils se rendront sur le continent", assure Hortense Assaga que cet ouvrage habite depuis des années. "J'ai des racines africaines et des branches parisiennes ? J'ai toujours pensé, dans un coin de ma tête, que je devais transmettre la beauté de ce continent".
Ce livre est aussi,"une façon de changer la vision misérabiliste que l’on peut avoir du continent" et de faire valoir également, auprès des autorités politiques des pays concernés, la nécessité de soutenir cet artisanat et ses acteurs. Le livre documente un savoir-faire souvent mal valorisé localement. "Ces artisans produisent du beau au quotidien mais on les renvoie toujours à la partie la moins noble de leur travail". "Être artisan, poursuit-elle, c'est comme si on avait raté sa vie. C'est pourquoi je suis fière de leur offrir ce bel écrin pour mettre en avant leur travail". À la fin de l'ouvrage, l'on retrouve ainsi une page dédiée à certains de ces "résistants" qui, note par ailleurs Hortense Assaga, "font un superbe travail mais ils n'ont aucune propriété intellectuelle sur leur production" dont la richesse est à explorer virtuellement ici à travers quelques objets.
1 Des présentoirs décoratifs et usuels
"Je trouve que ces présentoirs ont une esthétique folle. Ils représentent la beauté des femmes des différentes tribus du Mali. Il peut servir comme objet décoratif mais il est aussi usuel puisqu'on les retrouve dans des vitrines, dans les boutiques à Mopti (au Mali) ou ailleurs où des colliers y sont posés Ces présentoirs témoignent de l'artisanat vivant, de l'Afrique vivante que j'ai envie de partager."
2Bracelets perlés
Les bracelets réalisés avec les petites perles se retrouvent un peu partout sur le continent." Ce qui me fascine dans ces bracelets, c'est la minutie que requiert leur fabrication. Sur le marché, je suis en admiration devant les femmes qui les fabriquent. Elles ont leur aiguille, enfilent les perles tout en te regardant dans les yeux. Je trouve que c'est important de les mettre en valeur en les achetant et en les portant".
3"Made in" Maroc
Au Maroc, "ces coupelles traditionnelles se retrouvent dans les intérieurs. On sait que cette marqueterie, cette dinanderie – l'art de travailler les métaux – constituent une signature. Il faut que l'on arrive à garder cela. Autrement, il n'y a pas d'intérêt". Au royaume chérifien, cet artisanat semble subir une certaine standardisation pour correspondre au goût des touristes, regrette Hortense Assaga. "J'ai eu l'impression en me baladant que les objets n'étaient pas faits pour une consommation locale. C’est quelque chose auquel il faut faire attention".
4 "Peintures à message"
Ces tableaux, qui sont souvent truffés de fautes d'orthographe – c'est ce qui fait aussi leur charme – "racontent avec humour des tranches de vie".
5 Des paniers derrière les barreaux
"A Douala, au Cameroun, je croise une femme avec un joli sac de marché. Je lui demande alors où je peux me le procurer ? Elle me répond que c’est à la prison du quartier New-Bell. Je me rends sur place. Je pensais qu’il était vendu dans le marché, or c’est à l’intérieur de la prison et impossible d’y entrer. Très déçue, je raconte ma mésaventure à une marchande. Elle se propose d’y aller pour moi. M’explique aussi que c’est le fruit du travail et le savoir-faire des prisonniers, qui gagnent ainsi leur vie", raconte dans son livre Hortense Assaga à propos de ces paniers. "Des chefs-d’œuvre" fabriqués à partir de matériaux récupérés.
6 Jamais sans "Macocotte"
La marmite "Macocotte", en aluminium et fonte (ici customisée pour Hortene Assaga au Cameroun), est un ustensile indispensable dans beaucoup de cuisines du continent. "J'ai rencontré des femmes qui en ont batterie : une trentaine voire une cinquantaine. Et ces marmites se transmettent", rappelle l'écrivaine.
7 Pierres taillées et "mixeurs" traditionnels
Ces pierres, en granit, servent à écraser les condiments. "Je les achète dans un village qui se trouve sur la route entre Douala et Yaoundé (les deux capitales du Cameroun), confie Hortense Assaga. Ces "mixeurs" traditionnels "sont l'œuvre de tailleurs de pierres". "On en trouve de toutes les formes et de, toutes les tailles".
8 Poupées "très stylées"
"Peu chères, écrit Hortense Assaga, elles sont fabriquées avec des matériaux récupérés. Chutes de tissus (basin, wax, pagnes tissés) ramassés chez les tailleurs et couturières, fils en plastiques recyclés, laine, cuir. Certaines poupées sont aussi très stylées avec de beaux bijoux, des perles, des cauris et de jolis foulards".
9 Des cantines à remplir
Avant "les valises de mauvaise qualité", souligne Hortense Assaga, les cantines étaient souvent utilisées pour voyager. Des cantines, elles-mêmes parfois issues d'un voyage. "On part de conserves provenant de Tunisie (les boîtes sont la matière première) et on finit avec une cantine" achetée au Niger, explique Hortense Assaga. "J'aime beaucoup ce côté panafricain des objets". L'intérieur de la cantine est tapissé de papiers journaux.
10 Le "Kohanda Sahab", un canapé recyclé
Quand le recyclage se fait art. Le canapé "Kohanda Sahab", du nom de son créateur burkinabè, est fait de "vieux pneus de vélos, de guidons, de freins, de chaînes cassées, de câbles, marchepieds et autres rebus d’autos ou de cyclos", précise Hortense Assaga dans son ouvrage. Ce canapé est peut-être l'un des endroits idéals pour parcourir Made in Africa - Dans ma valise".
Made in Africa - Dans ma valise de Hortense Assaga, 287 p., 40 euros
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