Les "inventeurs" de la Grotte Chauvet en conflit avec l'Etat
Il est peu probable qu'Eliette Brunel, Jean-Marie Chauvet et Christian Hillaire soient présents lors de la pose de la première pierre le 12 octobre prochain à Vallon-Pont-d'Arc, dans le Sud Ardèche. Les trois découvreurs de la grotte (le 18 décembre 1994) sont en conflit avec l'Etat, propriétaire de la cavité depuis 1997.
Dans un long courrier de plusieurs pages adressé à Aurélie Filipetti, ministre de la culture, Eliette Brunel, Jean-Marie Chauvet et Christian Hillaire rappellent l'existence du protocole d'accord signé avec l'Etat en février 2000. Un accord qui prévoit notemment leur reconnaissance en qualité "d'inventeurs".
Seulement "invités" à la pose de cette première pierre, ils ne se sentent pas associés au projet porté par l'Etat, la région Rhône-Alpes et le conseil général de l'Ardèche, visant à construire un espace de reconstitution de la cavité dont l'ouverture au public est prévue en 2014.
Un site exceptionnel reconstitué
Le public pourra effectivement découvrir la reproduction de certains dessins, peintures et gravures datant de 25 000 à 37 000 ans dans un espace reconstitué de 3 000 m2, composé de béton et de résine. La grotte de Chauvet originelle de 8 000m2 quant à elle est protégée : elle est uniquement accessible aux scientifiques et aux découvreurs pour éviter de reproduire les erreurs de la grotte de Lascaux, très déteriorée (par les visiteurs, la chaleur des éclairages...).
Un conflit qui dure
Entre 300 et 400 000 visiteurs par an sont attendus dès l'ouverture au public en 2014 de cette reconstitution. Une manne financière intéressante qui semble semer la zizanie. L'Etat a proposé aux trois découvreurs la somme de 4 centimes d'Euros sur chaque entrée. Un montant que les inventeurs qualifient "d'insultant" au regard de leur découverte. Mais d'après le Smerg, l'instance décisionnelle du Syndicat mixte de l'Espace de restitution de la Grotte Chauvet, les découvreurs auraient déjà touchés 150 000 euros de l'Etat.
Par ailleurs, les trois Ardéchois n'ont pas obtenu gain de cause devant la cour d'appel de Nîmes qui a refusé en février 2012 de leur reconnaître des droits. Les plaignants vont se pourvoir en cassation. Un imbroglio judiciaire qui apparemment est loin d'être terminé dans ce conflit qui ternit l'image de la grotte de Chauvet où il est autant question de "fonds" que de "forme".
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