La rénovation des toits du Grand Bazar d'Istanbul, 1re étape de grands travaux
Tuiles brisées, fuites, affaissement... Entamés en juillet, ces travaux redonnent espoir aux commerçants du Grand Bazar. Ils coïncident avec un regain d'intérêt pour l'ère ottomane depuis l'arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan, qui multiplie les références aux sultans qui firent trembler l'Europe à l'apogée de l'empire.
"Le Grand Bazar est un lieu historique. Il est impossible d'en terminer la restauration du jour au lendemain", a indiqué à l'AFP Okan Erhan Oflaz. Le maire-adjoint de la municipalité de Fatih, où est situé le bazar, tient à minimiser les dégâts causés lors du tournage de la scène avec l'espion britannique dans le film Skyfall : "Quelques briques ont pu être été brisées", reconnaît-il. "Mais lorsqu'on regarde le Grand Bazar aujourd'hui, il n'y a aucune brique qui ne soit pas cassée", ajoute-t-il.
L'un des plus anciens marchés couverts
Le Grand Bazar était une plaque tournante du commerce sous l'Empire ottoman, qui a dominé une grande partie du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord pendant six siècles, avant son effondrement au lendemain de la Première Guerre mondiale. Sa construction, l'un des plus grands et plus anciens marchés couverts au monde, a démarré en 1455, deux ans après la prise de Constantinople par les Ottomans, sous le règne du Sultan Mehmet II, dit "le Conquérant". Avec l'émergence de l'Empire, le bazar a prospéré et, arrivé au XVIIe siècle, a pris sa forme actuelle qui lui a valu son nom turc, "Kapaliçarsi" (marché couvert).Situé sur la péninsule historique de la métropole turque, où se trouvent la Mosquée bleue et l'ex-basilique Sainte-Sophie, le Grand Bazar accueille 3.000 commerces employant plus de 30.000 personnes. L'édifice a survécu à plusieurs séismes et incendies mais sa structure est menacée par les modifications apportées par les commerçants qui ont planté leur parabole sur la coiffe du Bazar.
La rénovation "aura un impact positif", espère Numan qui vend des pots et plats traditionnels. "Au moins, quand les travaux seront terminés, il y aura une ventilation dans le marché pour l'été et du chauffage pour l'hiver". Omer, propriétaire d'une autre boutique, lui se plaint de ne pas voir d'amélioration, bien que les propriétaires de commerces paient un forfait de 75 euros par mois pour l'entretien et la gestion du bazar.Des mesures de sécurité
Une vague d'attentats liés à la rébellion kurde ou aux jihadistes du groupe Etat islamique, dont un au coeur du quartier historique d'Istanbul, a nui au secteur touristique. Plus qu'une rénovation, les commerçants veulent retrouver leur clientèle regrettant les jours où les touristes affluaient dans les allées étroites du Kapaliçarsi. "Les mesures de sécurité ont été doublées", a indiqué M. Oflaz.Le maire-adjoint admet une baisse du nombre de visiteurs par rapport aux 90 millions de visiteurs venus en 2014. Mais l'activité continue, relève-t-il : le marché couvert "possède une armée à lui seul" avec les 30.000 personnes qui y travaillent. Et au-delà des touristes, "le Grand Bazar, c'est un endroit où beaucoup de gens (locaux) s'arrêtent" chaque jour.
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