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La Grotte Chauvet inscrite au "patrimoine mondial" de l'Unesco
La Grotte Chauvet, une grotte paléolithique du sud de la France ornée des plus anciennes peintures connues à ce jour, a été inscrite dimanche au patrimoine mondial, a annoncé à Doha le Comité de l'Unesco.
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Le Comité du patrimoine mondial "inscrit la Grotte ornée du Pont d'Arc, dite grotte Chauvet-Pont d'Arc, Ardèche, France, sur la Liste du patrimoine mondial", selon le texte adopté par ses 21 Etats membres.
L'association pour la mise en valeur de la grotte "très heureuse"
L'association pour la mise en valeur de la grotte "très heureuse"
Marc Ladreit de Lacharrière, président de l'Association pour la mise en valeur de la Grotte Chauvet, s'est déclaré dimanche "très heureux" de l'inscription de ce "trésor" au patrimoine mondial de l'Unesco. Cette "cathédrale naturelle est "exceptionnelle", a souligné M. de Lacharrière, homme d'affaires et membre de l'Académie des beaux-arts. Le dossier d'inscription de la grotte a "avancé rapidement car c'est un joyau mondial", a-t-il déclaré. "Il n'y a aucune grotte comparable dans le monde", selon lui.
Nous vous proposons le feuilleton de la rédaction de France 2 sur ce joyaux préhistorique du patrimoine français. Une série réalisée par Valérie Gaget, S.Guillemot, J.Ababsa, C.Baume, L.Calvy, V.Castel :
"C'est une fierté pour notre pays que ce trésor de notre patrimoine, véritable chef d'oeuvre artistique et témoignage unique de l'histoire de l'humanité, soit ainsi reconnu", a salué dans un communiqué le président français François Hollande.
Contrairement à sa "cousine" de Lascaux découverte en 1940 et détériorée après-guerre par le dioxyde de carbone issu de la respiration des visiteurs, Chauvet n'a jamais été ouverte au public et une copie, créée dans la région et baptisée "Caverne du Pont-d'Arc", permettra d'admirer les richesses de l'original.
Pendant des millénaires, le temps s'est arrêté sur la grotte Chauvet. Jusqu'à sa découverte en 1994 par trois spéléologues qui révélèrent un millier de dessins de nos ancêtres, dont un bestiaire unique au monde. L'AFP a eu l'opportunité, exceptionnelle, de descendre voir ce trésor.
Pour atteindre cette "pépite planétaire", comme l'appelle Marie Bardisa, conservatrice des lieux désormais inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco, il faut d'abord monter un sentier que notre ancêtre Cro-Magnon empruntait jadis, au-dessus d'un méandre abandonné des gorges de l'Ardèche.
"La grotte n'est pas seule dans son environnement, elle est à côté du Pont d'Arc, très important, qui permet de franchir la rivière. L'Aurignacien parcourait de très grandes distances", explique Mme Bardisa.
On longe une terrasse naturelle creusée dans la falaise karstique. Il y a 36.000 ans, l'âge des dessins, la végétation alentour était composée de pins sylvestres, le climat était celui du sud de la Norvège. Aujourd'hui devant l'entrée, par 38 degrés à l'ombre, une pause est nécessaire avant de descendre dans l'antre paléolithique où la température chute à 13°C et où le taux d'humidité frôle 99%.
Surveillée 24/24h par des caméras, une porte blindée de 600 kg scelle la paroi: "on n'entre pas comme ça!", pointe la conservatrice avant de taper un code. Elle et ses deux assistants sont seuls au monde à pouvoir ouvrir le sésame. Pour deux heures de visite, 25 mètres sous terre.
Riche de 425 représentations animales, la grotte Chauvet fut miraculeusement préservée par l'éboulement d'un pan de roche, qui en scella l'accès il y a 20.000 ans. Jusqu'au réveil de la belle endormie, le 18 décembre 1994, par trois spéléologues: Jean-Marie Chauvet, Christian Hillaire et Eliette Brunel.
Une fois entré, il faut enfiler une blouse blanche, des sabots, un casque de spéléologue et un baudrier. "L'idée est de maintenir la cavité dans l'état de confinement dans lequel on l'a trouvée. On veille à l'équilibre atmosphérique, on surveille la prolifération éventuelle d'algues, champignons ou bactéries", détaille Mme Bardisa.
La remontée dans le temps commence. Après avoir rampé dans un boyau, on atteint un escalier. Au bas des marches humides, fraîcheur et silence. Tout est resté vierge. D'immenses draperies calcaires scintillantes. D'innombrables ossements nappés d'argile et de calcite, témoins que des ours ont vécu là, avant et après les hommes. Un crâne de bouquetin aux dents immaculées semble sourire .
"Le sol est recouvert par des gours, des formations calcaires qui résultent de l'écoulement de l'eau", chuchote Charles Chauveau, assistant-conservateur, éclairant l'obscurité avec de puissants leds. Les rares visiteurs autorisés dans la caverne - qui n'a jamais été et ne sera jamais ouverte au public - doivent marcher sur une passerelle en acier inoxydable de 60 cm de large, qui rend le moindre mouvement délicat.
Un patrimoine exceptionnel
Ces dessins sur la roche, oeuvre d'hommes et de femmes de culture aurignacienne, comprennent un bestiaire riche de 435 représentations montrant 14 espèces: ours, rhinocéros laineux, lion, lionne, panthère, bisons... Les murs révèlent aussi une dizaine de mains en négatif et en positif, des représentations de sexes féminins et, tout au fond de la grotte, le dessin, exceptionnel, du bas du corps d'une femme à côté d'un bison.
Un patrimoine exceptionnel
Restée fermée pendant 23.000 ans après un éboulement de rochers, redécouverte le 18 décembre 1994 par trois spéléologues - Jean-Marie Chauvet , Christian Hillaire et Eliette Brunel -, la grotte contient plus de mille dessins, "expression remarquable de la première création artistique de l'homme", au paléolithique supérieur, il y a 36.000 ans.
Ces dessins sur la roche, oeuvre d'hommes et de femmes de culture aurignacienne, comprennent un bestiaire riche de 435 représentations montrant 14 espèces: ours, rhinocéros laineux, lion, lionne, panthère, bisons... Les murs révèlent aussi une dizaine de mains en négatif et en positif, des représentations de sexes féminins et, tout au fond de la grotte, le dessin, exceptionnel, du bas du corps d'une femme à côté d'un bison.
Un projet hors norme de reproduction de la grotte, baptisée "Caverne du Pont-d'Arc"
Concours de photographies
Dans la foulée de l'inscription, l'association lance un concours de photographies autour de la grotte Chauvet. Le lauréat aura l'opportunité exceptionnelle de mener un reportage photographique dans la grotte. Le jury sera présidé par le photographe Yann Arthus-Bertrand et réunira des artistes, des scientifiques et des journalistes.
Les candidatures sont à déposer entre le 25 juin et le 6 septembre. Le concours est ouvert à tout photographe professionnel sans critère d'âge, ni de nationalité. L'annonce du lauréat aura lieu à l'automne. Le projet photographique dans la grotte sera réalisé au premier trimestre 2015. L'exposition aura lieu de mai à août 2015.
Dans la foulée de l'inscription, l'association lance un concours de photographies autour de la grotte Chauvet. Le lauréat aura l'opportunité exceptionnelle de mener un reportage photographique dans la grotte. Le jury sera présidé par le photographe Yann Arthus-Bertrand et réunira des artistes, des scientifiques et des journalistes.
Les candidatures sont à déposer entre le 25 juin et le 6 septembre. Le concours est ouvert à tout photographe professionnel sans critère d'âge, ni de nationalité. L'annonce du lauréat aura lieu à l'automne. Le projet photographique dans la grotte sera réalisé au premier trimestre 2015. L'exposition aura lieu de mai à août 2015.
Vallon Pont d'Arc avait programmé une soirée de festivités bien avant la décision de l'UNESCO. Preuve une fois de plus que le choix final ne laissait planer aucun doute. Avec tout de même une petite surprise durant cette soirée : l'arrivée des trois découvreurs de la grotte Chauvet. Après des années de bisbilles judiciaires, le trio de spéléologues a accepté de célébrer le classement de la grotte qui porte le nom de l'un d'entre eux.
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