L'un des plus beaux bains juifs médiévaux du monde se trouve à Montpellier
Un patrimoine rare. Le Mikvé - un bain rituel médiéval juif - de Montpellier fait partie des derniers bains médiévaux juifs conservés sur le continent. "Il n'en reste plus beaucoup en France ou en Europe", environ une dizaine, assure l'archéologue Christian Markiewicz, du Laboratoire d'Archéologie médiévale et moderne en Méditerranée-CNRS-Université d'Aix-Marseille.
Cette nouvelle étude "pierre par pierre" du sous-sol du 1 rue de la Barralerie, et un relevé en 3D, "confirment la présence d'une communauté juive à Montpellier à partir du 12e siècle", après l'expulsion des juifs d'Andalousie en 1140, a expliqué l'archéologue lors d'une présentation à la presse qui s'est tenue mardi 25 juillet.
Un ancien quartier juif à Montpellier
Véritable îlot, le quartier juif comptait alors de 500 à 1.000 personnes, notamment de grands penseurs ou des médecins. Le bain rituel, situé à 5 mètres sous la chaussée actuelle, et auquel on accède en descendant sept marches après avoir ôté ses vêtements dans le "déshabilloir", est alors un aménagement central du quartier.Les juifs ont creusé dans la roche et l'eau, qui ne doit pas stagner pour conserver son caractère sacré, arrive par capillarité pour ces bains, qui servaient notamment à "purifier" les femmes ayant leurs règles ou ayant accouché. Les juifs seront chassés du royaume de France par Philippe le Bel en 1306.
Les traces juives effacées par la population chrétienne
À Montpellier comme ailleurs, "la population chrétienne s'acharne alors à effacer les témoignages de la présence juive", rendant complexe la tâche des archéologues, relève M. Markowicz. Le Mikvé montpelliérain est partiellement épargné car il sert de puits au 14e siècle.Conservé "un peu par hasard" sous des constructions successives de maisons bourgeoises, il a été découvert dans les années 1980. Il est propriété de la ville et classé monument historique depuis 2004.
La troisième campagne de fouilles a notamment permis d'étudier un "bassin énigmatique", attenant au Mikvé qui pourrait être un pédiluve, mais aussi de mettre au jour des dallages des 12e et 13e siècles et des fragments de céramique du 12e venus de Syrie.
"Ce Mikvé appartient à la ville et non à la communauté" juive, a tenu à souligner mardi Philippe Saurel, maire de Montpellier et président de la métropole. "Il est trop important pour qu'il échappe au corps constitué des Montpelliérains, quelle que soit leur couleur, leur origine ou leur religion."
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