L'été 14, ou comment l'Europe a basculé dans la guerre, à la BNF
"Même sans la catastrophe qu'il déchaîna sur l'Europe, cet été de 1914 nous serait demeuré inoubliable. Car j'en ai rarement vécu de plus luxuriant, de plus beau, je dirais presque de plus estival", écrira Stefan Zweig ("Le Monde d'hier").
"L'esprit de l'exposition est de présenter au public sur une période chronologique resserrée, du 23 juillet au 4 août 1914, les derniers jours avant le déclenchement du conflit, et que ce soit dans le calendrier commémoratif officiel la première exposition expliquant les origines de la guerre, explique à l'AFP Laurent Veyssière, conservateur du patrimoine au ministère de la Défense.
Le 23 juillet, c'est la date de l'ultimatum de l'Autriche à la Serbie, rédigé de façon à être inacceptable, qui va mettre le feu aux poudres. Le 4 août, c'est le déclenchement du conflit.
Treize journées cruciales
Il s'agit aussi de comprendre les sociétés qui vont entrer en guerre en cette période de prospérité économique, et l'Europe d'alors, constituée de vieux Etats-nations, d'Etats nouveaux et de grands empires.
Dépêches d'ambassadeurs, correspondances de contemporains qui ont vécu ces treize journées cruciales, mais aussi journaux, lettres, livres, archives photographiques, affiches de propagande, diaporamas, estampes et objets font partie des documents exceptionnels présentés aux visiteurs, issus à 90% des départements de la BNF et des collections du ministère de la Défense, qui coorganise l'exposition.
Pour les Européens, un été comme les autres
Le parcours, sur le site François-Mitterrand de la BNF, s'organise autour d'une grande courbe murale qui retrace la chronologie des événements avec de nombreuses citations. Des documents et un ensemble de sept rayons se déploient autour des thèmes : Portrait de l'Europe, une longue période de paix, Cosmopolitisme culturel et expansion économique, des tensions persistantes en Europe et aux colonies, Pacifismes et bellicismes, Présence du militaire dans la société, Préparer la guerre et les mobilisations.
L'exposition débute logiquement par l'attentat du 28 juin à Sarajevo où l'archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d'Autriche-Hongrie, est tué par un nationaliste serbe.
"Mais, pour les Français et le reste des Européens, c'est un assassinat politique de plus et un été comme les autres", raconte Laurent Veyssière, comme en attestent les oeuvres de la première salle, très lumineuse, où un tableau d'Henri Gervex (1852-1929), "Le cercle de l'Ile de Puteaux", évoque le beau mois de juillet et les loisirs de la bonne société.
Dès le mois d'août, des milliers de victimes
Le parcours propose ensuite une vue d'ensemble des Etats et de leurs principaux dirigeants politiques. Puis, une dizaine de portraits de figures célèbres, parmi lesquelles Marie Curie, Stefan Zweig ou Albert Einstein, "pacifiste forcené qui s'opposera à la guerre", évoquent les répercussions de la crise dans ses dimensions individuelles.
Des fusils à baïonnette, des mouchoirs d'instructions donnés aux soldats qui ne savent pas lire, "ancêtres des foulards Hermès", des uniformes de soldats et des mitrailleuses allemande, russe, française et autrichienne, exposés en fin de parcours dans une pièce sombre, illustrent les premiers effets concrets de la guerre. L'Europe sombre d'un coup dans un monde d'une
violence inouïe, avec dès le mois d'août des milliers de victimes, civiles comme militaires.
Eté 14, les derniers jours de l'ancien monde, Bibliothèque nationale de France, site François Mitterrand, quai François Mauriac, Paris XIIIe,
tous les jours sauf lundi et jours fériés
du mardi au samedi : 10h-19h
dimanche 13h-19h
entrée : 9€ / 7€
du 25 mars au 3 août 1914
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