L'appel de l'Unesco : "Il faut sauver Palmyre"
Irina Bokova a appelé les parties en conflit à "protéger Palmyre et à tout mettre en oeuvre pour empêcher sa destruction". "Je suis profondément préoccupée par les informations qui nous parviennent de Palmyre. Il faut sauver Palmyre". "Palmyre est menacée", a affirmé, un peu plus tôt, Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. "La bataille se déroule à 2 km à l'est de la ville après la prise par l'EI de tous les postes de l'armée entre Al-Soukhna et Palmyre" distantes de quelque 80 km.
Sitée à 240 km au nord de Damas, cette oasis abrite les ruines monumentales d'une grande cité qui fut l'un des plus importants foyers culturels du monde antique. Sa valeur est inestimable. Son architecture unit, selon l'Unesco, les techniques gréco-romaines aux traditions locales et aux influences de la Perse.
Depuis la nuit de mardi à mercredi, les combats dans cette zone ont fait 110 tués, dont 70 membres des forces du régime, parmi lesquels six officiers, et 40 djihadistes, dont deux chefs. L'un de ces derniers avait mené l'offensive, selon l'OSDH. D'après les sites djihadistes, il s'agit d'Abdou Malek Anas al-Nachwan, qui était apparu sur une vidéo de l'EI montrant la décapitation en avril de 28 Éthiopiens en Libye.
Le patron des Antiquités craint "une catastrophe internationale"
"Si l'EI entre à Palmyre, ce sera sa destruction. Si la ville tombe ce sera une catastrophe internationale", a affirmé de son côté Maamoun Abdulkarim, directeur des Antiquités et des musées syriens (DGAM). "Ce sera la répétition de la barabarie et de la sauvagerie qui s'est produite à Nimroud, Hadra et Mossoul", a-t-il ajouté, en faisant référence aux sites antiques visés par les jihadistes ces derniers mois."Il faut que la communauté internationale se mobilise avant et non après les destructions comme ce fut le cas jusqu'à présent. Si l'EI entre à Palmyre, ce sera sa destruction, une catastrophe internationale car vous pouvez cacher des objets mais comment voulez-vous protéger l'architecture antique ?", a-t-il demandé.
Une vidéo a montré la destruction d'un autre site antique
Il y a un mois, une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux a montré les jihadistes de l'EI détruire à coups de bulldozers, de pioches et d'explosifs le site archéologique irakien de Nimroud, joyau de l'empire assyrien fondé au XIIIe siècle.Ils s'en étaient déjà pris à Hatra, cité de la période romaine vieille de 2000 ans, et au musée de Mossoul, dans le nord de l'Irak.
En Syrie, les jihadistes ont détruit deux magnifiques lions assyriens à Raqa, ville dont l'EI a fait sa capitale, et ont commis des destructions et permis des fouilles clandestines, parfois au bulldozer, comme à Mari, Doura Europos, Apamée, Ajaja (nord-est), et Hamam Turkoman près de Raqa (nord).
Dix pays arabes s'entendent pour protége leurs sites
Dix pays arabes se sont entendus jeudi au Caire pour coordonner leur lutte contre le trafic d'antiquités et protéger leur patrimoine archéologique. Cette conférence de deux jours organisée par l'Egypte réunissait des ministres et responsables du patrimoine culturel des pays arabes, ainsi que des experts étrangers et de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco).
L'Egypte, l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, l'Irak, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Libye, le Soudan et le sultanat d'Oma ont estimé dans un communiqué conjoint que les sites archéologiques du Moyen-Orient étaient menacés par "les réseaux de crime organisé et les groupes terroristes."
Ils se sont mis d'accord sur la mise en place d'"un groupe de travail" pour lutter contre le pillage et "coordonner les efforts régionaux et internationaux pour protéger les antiquités, empêcher le trafic et récupérer ce qui a déjà été volé."
A l'ouverture de la conférence, la directrice générale de l'Unesco Irina Bokova avait estimé que "les pillages et destructions de sites archéologiques ont atteint une échelle sans précédent" cette année. "Ce nettoyage culturel est utilisé comme tactique de guerre pour terroriser les populations", avait-elle précisé.
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