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A Lyon, la prison Saint-Joseph dévoile les œuvres de l'ancien détenu Didier Chamizo pour les Journées du patrimoine

L'ancienne prison Saint-Joseph ouvre ses grilles à l'occasion des Journées du patrimoine. L'occasion de découvrir des fresques peintes sur les murs d'un tunnel de 60 mètres de long. Des dizaines d'œuvres d'art ont été réalisées par des détenus en 1989. Parmi eux, le précurseur du street-art : Didier Chamizo. A voir jusqu'au dimanche 17 septembre.
Article rédigé par Anne Elizabeth Philibert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Les oeuvres de Didier Chamizo à la prison Saint Joseph (France 3)

L'ancienne prison Saint-Joseph rendue célèbre notamment pour avoir détenu entre ses murs l'un des plus grands criminels de guerre, Klaus Barbie dévoile ses secrets au public pour les Journées du patrimoine. Samedi et dimanche de 13h à 18 heures, les grilles seront ouvertes. L'occasion de découvrir dans ses entrailles un tunnel de 60 mètres de long. Sur ses murs, des dizaines d'œuvres d'art ont été réalisées en 1989 par d'anciens détenus lors d'un chantier d'insertion.

Parmi eux, un condamné qui est devenu le célèbre précurseur du street-art en France : Didier Chamizo. L'homme qui écope de 17 ans de prison après avoir lutté dans des combats libertaires et côtoyé des groupuscules armés découvre la peinture derrière les barreaux. Pour lui, c'est un véritable exutoire, un moyen de s'évader. Il va même jusqu'à intituler ses premières réalisations "Liberté". Des œuvres qui investissent tout le côté droit du mur. De l'autre côté, ce sont des œuvres qui sont réalisées par ses codétenus avec des tags inspirés de grands peintres tels que Modigliani, Picasso, Monet.

Les oeuvres de Didier Chamizo à la prison Saint Joseph
Les oeuvres de Didier Chamizo à la prison Saint Joseph Les oeuvres de Didier Chamizo à la prison Saint Joseph (France 3 Rhône-Alpes C. Lepape / C. Conxicoeur / V. Paillot)

La marmite du diable

Dans cette galerie secrète, se cachent des messages. On peut y lire par exemple "Les hommes demeurent et naissent libres et égaux en dignité et en droit", ou encore la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, inscrite en quatre langues. Les œuvres de Chamizo retracent aussi l'actualité de l'époque : la guerre au Liban, le massacre de la place Tiananmen mais aussi des peintures qui dénoncent les conditions d'incarcération.

Complètement insalubres, fermées en 2009,  les prisons de St-Joseph et St-Paul à Lyon Perrache, ont longtemps fait l'objet de dénonciations concernant les conditions de détention. "Elles étaient surnommées la marmite du diable, avec près de plus de 900 détenus pour 340 places. Cette œuvre exprime extrêmement bien la problématique de cellule de 9 mètres carrés dans laquelle s'entassent 3 ou 4 détenus" raconte Jérôme Humbert, Président du comité d'intérêt local sud Presqu'île.

Des œuvres en danger 

Après avoir passé dix années derrière les barreaux, Didier Chamizo est gracié en 1993 par François Mitterrand. Son travail est  alors déjà reconnu par ses pairs. Considéré comme le père de l’Abstraction-Figuration lettrique, il enchaîne les expositions. Didier Chamizo a depuis exposé ses œuvres aux couleurs explosives et à l'humour subversif dans le monde entier aux côtés des plus grands artistes contemporains.

Aujourd'hui, s'il reste des traces de son passage sur les murs de la prison, ses peintures se dégradent d'année en année à cause de l'humidité. Cette ouverture pour les journées du patrimoine est l’occasion de sensibiliser le public à la fragilité des créations. "Ces œuvres sont uniques dans le quartier de Lyon Confluence et sont l'un des derniers vestiges des activités carcérales qui ont existé dans le quartier et donc il est absolument primordial et nécessaire d'agir pour leur préservation" conclut Jérôme Humbert.

Entrée libre dans le tunnel des prisons pour découvrir les œuvres de Didier Chamizo et de ses codétenus, samedi et dimanche de 13h30 à 18h.

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