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Inquiétude de l'Arménie pour son patrimoine historique, religieux et culturel situé au Nagorny Karabakh

Après l'accord de cessez-le-feu, plusieurs monastères de l'église apostolique arménienne vont se retrouver dans une zone contrôlée par l'Azerbaïdjan.   

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Monastère de Dadivank, Nagorny Karabakh, mai 2015 (ANDREY GOLOVANOV / AFP)

L'Arménie s'est dite inquiète mercredi 11 novembre pour son patrimoine historique, religieux et culturel au Nagorny Karabakh, après un accord de cessez-le-feu consacrant la victoire de l'Azerbaïdjan et lui cédant une partie du territoire de l'enclave.

"Nous sommes actuellement dans l'incertitude quant au sort du patrimoine culturel de l'Artsakh" (nom arménien du Karabakh), a déclaré à l'AFP Nariné Toukhinian, vice-ministre arménienne de l'Education, de la Science et de la Culture. Rien n'est dit à ce sujet dans l'accord de paix. Mais nous savons bien que nous avons affaire à ceux qui détestent tout ce qui est arménien", a souligné Nariné Toukhinian.

"Nous sommes extrêmement préoccupés car on a déjà vu la profanation et la destruction des khachkars (des croix traditionnelles arméniennes en pierre ornementées) par les Azéris", a-t-elle accusé.

"Pour protéger nos monuments historiques et culturels, il faut que nous y vivions" 

Nariné Toukhinian

vice-ministre arménienne de l'Education, de la Science et de la Culture

"Des prêtres arméniens resteront où restera la population arménienne. Mais il est peu probable que nos ecclésiastiques pourront rester dans les territoires cédés à l'Azerbaïdjan", a-t-elle ajouté.

Monastères situés dans les zones sous contrôle azéri

L'Arménie a signé dans la nuit de dimanche à lundi un accord de cessez-le-feu négocié par la Russie, consacrant la victoire de l'Azerbaïdjan après plus de sept mois d'un conflit sanglant. Cet accord prévoit le déploiement de près de 2.000 soldats de la paix russes ces prochains jours entre les belligérants.

Ils seront déployés à mesure que les forces arméniennes quitteront les territoires repassant sous contrôle de l'Azerbaïdjan - au total sept districts limitrophes qui lui échappaient depuis les années 1990, et une petite partie du Nagorny Karabakh à proprement parler, avec donc une république autoproclamée amoindrie et affaiblie.

Plusieurs monastères de l'église apostolique arménienne, dont celui millénaire de Dadivank, sont situés dans des zones qui vont revenir sous contrôle azéri, suscitant de nombreuses interrogations sur le sort de ce patrimoine religieux, historique et culturel.

L'origine arménienne de ces sites réfutée par les Azéris

L'Eglise apostolique arménienne, très influente dans le pays, ne s'est pas encore officiellement exprimée sur la question. Se contentant pour le moment d'appeler les Arméniens à l'unité, son patriarche Garéguine II a néanmoins demandé aux autorités de l'Arménie et du Nagorny Karabakh, après la signature de l'accord, de "donner immédiatement des explications compréhensibles et convaincantes au peuple (...) sur ces décisions et leur impact sur le futur de notre patrie".

Dans un tweet publié mercredi 11 novembre, un responsable azerbaïdjanais a affirmé que le monastère de Dadivank, qu'il nomme du nom azéri de Khudavang, est "l'un des meilleurs témoignages de l'ancienne civilisation albano-caucasienne".

"Le complexe monacal de Khudavang a été ensuite occupé par les forces armées arméniennes en 1992, et victime d'altérations et de falsifications pour modifier ses origines et son caractère, en violation de la charte de 1954 de l'Unesco", assure Anar Karimov, vice-ministre et ministre de la Culture par intérim.

Deux pétitions ont été lancées pour sensibiliser à la question de la protection des sites historiques arméniens au Karabakh : Protect Armenian Cultural & Historical Sites in Artsakh et Protection des monuments historiques arméniens en Azerbaïdjan.

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