Notre-Dame : "La réouverture de la cathédrale se fera d'ici fin 2024", mais "sans doute pas en totalité", selon le délégué général de la Fondation Notre Dame
La phase de sécurisation de la cathédrale Notre-Dame s'est achevée samedi 18 septembre. Le chantier de la reconstruction va maintenant s'ouvrir, mais ne sera pas entièrement terminé au moment de la réouverture prévue en 2024 annonce Christophe Rousselot, délégué général de la Fondation Notre Dame.
La réouverture de Notre Dame "se fera d'ici fin 2024", a confirmé Christophe Rousselot, délégué général de la Fondation Notre Dame, ce samedi sur franceinfo. Mais l'édifice ne sera "sans doute pas" rouvert en totalité, car "la restauration totale ne sera pas terminée" à cette date, indique-t-il. Christophe Rousselot se félicite de l'achèvement de la phase de sécurisation du monument qui a été actée ce samedi, ouvrant la voie à la restauration : "on commence par la flèche", un échafaudage va être "monté au niveau du sol de la cathédrale".
franceinfo : Il a donc fallu deux ans et demi pour consolider la cathédrale, était-ce long ou court ?
Christophe Rousselot : Pour beaucoup, ça paraissait un peu long, mais en fait deux ans et demi c'est court pour consolider une cathédrale. Au-delà du fameux échafaudage qui a été si compliqué à découper pièce par pièce avec des scies-sabres, il y avait beaucoup de choses invisibles à l'œil nu qui étaient absolument nécessaires à mener, par exemple vérifier que les pierres tiennent bien. Il y a des mesures très savantes qui ont été faites, des enregistrements sur une longue durée. Donc ces deux ans et demi ont été nécessaires pour se dire 'maintenant c'est bon, elle est totalement sécurisée'. On va maintenant pouvoir s'attaquer à la toiture et à la charpente.
Un retour aux cultes pour 2024 est-il toujours envisageable et réaliste ?
Oui, la réouverture de la cathédrale se fera d'ici fin 2024. Ce ne sera sans doute pas en totalité, la restauration totale ne sera pas terminée, mais la cathédrale sera rouverte. Il pourra certainement y avoir un office notamment au moment des Jeux olympiques. Il y a déjà des messes qui peuvent être célébrées de temps à autre, il y en a eu une pour la fête de la dédicace, en juin dernier. Et donc, le cœur de Notre-Dame continue à battre de temps en temps dans la cathédrale, et puis, juste à côté, à Saint-Germain-l'Auxerrois.
Quels sont les travaux qui vont démarrer, ça va commencer par la flèche avant le toit ?
Voilà. Il y a déjà un gigantesque parapluie que les Parisiens ou les touristes peuvent voir en ce moment-même. Mais on commence par la flèche, car il faut se rappeler que Viollet-le-Duc a commencé par la flèche, aussi curieux que ça puisse paraître.
"Un échafaudage commence à être monté au niveau du sol de la cathédrale, à la place du maître autel qui a été entièrement détruit par la chute de la flèche."
Christophe Rousselot, délégué général de la Fondation Notre Dameà franceinfo
L'échafaudage va culminer au-dessus de la cathédrale, à 84 mètres, comme ça l'était auparavant, et avec une flèche qui va être à la fois avec une armature en acier comme ça l'était, et en bois aussi. Et elle sera vrillée à l'identique, parce qu'il faut éviter la prise au vent. Le bois et le métal doivent permettre à cette flèche de traverser encore de très longues années.
Et pour la charpente, il y avait le choix entre le béton et le bois, et c'est le bois qui a été choisi..
Oui on va rester dans le bois, tout le monde est au courant de tous les chênes qui ont été coupés, une petite proportion des forêts françaises, il n'y a pas lieu de s'inquiéter d'une déforestation. Le bois a été retenu pour un certain nombre de raisons et notamment parce que c'est l'occasion de faire travailler et faire découvrir ces métiers formidables que sont les charpentiers, il faut en parler en ces Journées du patrimoine. Hier, j'étais sur le parvis et je discutais avec quelqu'un qui travaille sur les charpentes, il me disait qu'on manquait cruellement de charpentiers en France.
Et le budget de cette restauration ? Est-ce que suffisamment d'argent a été réuni pour aller jusqu'au bout des travaux ?
Il y en aura assez pour la restauration des conséquences de l'incendie. Très prochainement, l'établissement public présentera le budget. Il y a dans les caisses 823 millions d'euros, ça recouvre ce qui existe déjà et de ce qui est à percevoir. On me demande souvent si on est sûr de recevoir l'argent promis, la réponse est oui, parce que nous avons établi des conventions avec les mécènes qui permettent de sécuriser les sommes promises. Il n'y a pas d'inquiétude de ce côté-là.
De son côté, la phase de sécurisation a coûté 165 millions d'euros, c'est un chiffre colossal déjà, mais rien que le coût des échafaudages est important. Par ailleurs, la dépollution du plomb se poursuit et donc le chantier a des contraintes, indépendamment de celle du Covid-19, pour que tous ceux qui pénètrent dans le chantier, à commencer par les ouvriers, soient totalement protégés des pollutions liées au plomb. Il y a encore des chapelles dans la cathédrale qui ont reçu beaucoup de plomb. Cette pollution est invisible et s'incruste dans la pierre et donc il faut la nettoyer avec beaucoup de soin.
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