"Il n'est pas question de déroger au code du patrimoine", assure la porte-parole de l’équipe de reconstruction de Notre-Dame

Alors que près de trois quarts des Français refusent qu'une loi d'exception soit appliquée pour reconstruire Notre-Dame de Paris (sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour franceinfo et Le Figaro), l'architecte en chef des monuments historiques et porte-parole de l'équipe de reconstruction de Notre-Dame de Paris, Charlotte Hubert, assure vendredi 10 mai sur franceinfo : "Il n'est pas question de déroger au code du patrimoine." Elle souligne que si "le diagnostic sera long", cela n'empêche pas "de démarrer certains travaux."

franceinfo : Beaucoup de voix s'élèvent contre le risque de vouloir aller trop vite. Qu'en pensez-vous ?

Charlotte Hubert : Est-ce qu'ils disent 'on veut aller trop vite' ou 'attention à ne pas déroger au code du patrimoine sur cette restauration' ? Je pense que notre ministre de la Culture Franck Riester y a répondu en signifiant que cette restauration sera exemplaire. Il n'est pas question de déroger au code du patrimoine pour la restauration de Notre-Dame. C'est une restauration qui devra être exemplaire et qui le sera pour montrer à quel point notre service des monuments historiques est capable, comme à la sortie des deux grands conflits armés, de faire face et de restaurer Notre-Dame telle qu'elle doit l'être.

Est-ce que le diagnostic peut être très long ?

Évidemment, le diagnostic sera long. Les travaux ont démarré dès le 16 avril en urgence pour stabiliser la cathédrale et ne pas perdre davantage que ce qu'on a déjà perdu. Le diagnostic sera long mais cela ne nous empêchera pas de démarrer certains travaux.

C'est un projet global de reconstruction ?

Nous, les architectes en chef, nous sommes tous un peu les descendants de Viollet-le-Duc. Les travaux de la cathédrale sont des travaux globaux. La reconstruction de la flèche faisait partie d'un programme très général de restauration de Notre-Dame de Paris, sur lequel il y a une sédimentation d'étapes successives à travers les âges, comme sur toute cathédrale. Notre-Dame de Paris a cette particularité que grand nombre d'architectes qui y sont passés ont tous voulu être "plus XIIIe siècle" que le XIIIe siècle l'était. Il ne faut pas l'oublier. C'est pour nous l'histoire de notre métier et de notre service qui s'est jouée sur cette flèche.
Ce projet est une formidable opportunité de parler avec l'ensemble des Français de ce que sont ces monuments dans nos villes, de ce que sont ces travaux, de ce qu'est l'entretien du bien public que sont les monuments historiques.