Exhumation des corps de soldats allemands à Meymac : "On a vraiment espoir d'aller au bout", confie le directeur de l’Office nationale des anciens combattants de la Corrèze
"On a vraiment espoir d'aller au bout", estime Xavier Kompa le directeur départemental de l’Office nationale des anciens combattants et des victimes de guerre (ONACVG) de la Corrèze, sur franceinfo mercredi 16 août, quelques heures avant le début des recherches à Meymac.
Les fouilles pour exhumer les corps de 46 soldats allemands et d'une femme accusée de collaboration abattus par des résistants français en 1944 doivent commencer, ce mercredi après-midi, à Meymac en Corrèze. Elles font suite aux révélations d'Edmond Réveil, ancien résistant, en mai, au sujet de ces exécutions.
franceinfo : Comment Edmond Réveil vit-il le lancement de ces recherches à Meymac ?
Xavier Kompa : M. Réveil est très impacté par ce dossier. Il a 98 ans aujourd'hui, ça fait trois mois qu'il a des contacts presque quotidiens avec l'ensemble des médias mondiaux. C'est une affaire qui nous dépasse. On ne pensait pas du tout que ça allait prendre cette ampleur-là. Monsieur Réveil est vraiment en attente qu'on aille au bout de cette démarche d'exhumation. Je pense qu'il a gardé ce secret pendant près de 60 ans. C'est quelque chose qui lui faisait mal. Il s'est exprimé sur cette exécution par rapport aux familles allemandes. Il souhaite que les enfants ou les petits-enfants de ces personnes qui ont été exécutées sachent ce qu'elles sont devenues. D'autre part, il souhaite s'exprimer par rapport au devoir de mémoire, par rapport aux nouvelles générations. Il veut que tout le monde sache ce qui s'est passé à Meymac. Monsieur Réveil, comme moi, pensons qu'il faut regarder l'Histoire droit devant nous.
Comment vont s'organiser ces fouilles ?
En juin, l'ONACVG, qui travaille en lien avec la Volksbund, l'association allemande en charge des sépultures militaires, a géolocalisé un endroit sur Meymac qui ressemble étonnamment à une fosse commune, notamment au niveau de la dimension. Il y a des effets métalliques. Il faut savoir que les soldats allemands ont été exécutés avec leur uniforme, avec leurs apparats, avec leurs médailles militaires, donc, a priori, les résultats sont suffisamment probants pour qu'on engage des fouilles, qu'on engage des frais, pour aller au bout de la démarche.
Nous avons abattu plus de 30 arbres sur la zone que nous allons fouiller. Nous sommes une vingtaine d'archéologues, d'anthropologues et de personnes prêts à pouvoir nous engager sur dix jours, de façon à fouiller cette fosse. C'est un dossier qui est lourd. On s'est engagé depuis pas mal de temps et on a vraiment espoir d'aller au bout. Même si on ne retrouve la fosse, j'en ai reparlé avec les services allemands, nous regéolocaliserons de façon à vraiment aller au bout de la démarche.
Que va-t-il se passer après l'exhumation ? Ces corps vont-ils être rendus aux familles, à l'Allemagne ?
Avant d'être rendus, ces corps vont être entreposés sur Meymac, puis vont partir à l'Institut anthropologique de Marseille, où des scientifiques vont étudier les ossements, les cheveux et les uniformes de façon à retrouver l'identité de ces soldats. Une fois qu'on aura retrouvé l'identité de ces soldats, c'est l'Allemagne qui va contacter les familles. Les familles auront le choix pour que le corps revienne en Allemagne ou qu'il soit inhumé dans un cimetière militaire allemand en France.
Concernant l'ONACVG, nous avons en charge une femme qui a également été exécutée. Elle était française, elle collaborait, donc elle a été exécutée au même titre que les Allemands. Par contre, c'est à nous, l'ONACVG, de retrouver son identité.
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