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Des lettres secrètes codées de Marie Stuart, reine décapitée d’Ecosse, découvertes à la BNF et décryptées, 500 ans plus tard

Une équipe internationale de cryptologues a annoncé mercredi la découverte et le déchiffrement de lettres secrètes de Marie Stuart, reine d'Ecosse, une des figures les plus tragiques de l'Histoire d'Angleterre, décapitée en 1587 sur ordre de sa cousine, Elisabeth Ière.
Article rédigé par Alain Gastal
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Portrait de Marie Stuart, par Henri Auguste Calixte Cesar Serrur (1794-1865), exposé au Château de Versailles. (DEA / G. DAGLI ORTI / DE AGOSTINI EDITORIAL)

Des lettres codées et jamais déchiffrées qui dormaient à la Bibliothèque nationale de France, à Paris, depuis presque 500 ans ont été récemment décryptées par une équipe de chercheurs. Surprise : ces lettres sont attribuées à Marie Stuart, reine de France, puis d’Ecosse, une souveraine au destin tragique qui sera exécutée sur ordre de la reine d’Angleterre Elizabeth 1ère, dite la Reine Vierge.

Reine de France en 1559 mais veuve un an plus tard, Marie Stuart retourne en Ecosse dont elle est aussi la souveraine. Après deux mariages fort peu heureux. Catholique, elle fuit finalement le pays devant la révolte des nobles protestants et se réfugie chez sa cousine, la reine Elizabeth pour qu’elle l’aide à récupérer son trône. Une idée à tout le moins malheureuse : Elizabeth voit en elle une rivale pour le trône anglais et la fera exécuter après 18 ans de prison. C’est lors de cette résidence surveillée que ces 57 lettres retrouvées et décryptées ont été écrites.

Un code complexe et des fautes d’orthographe volontaires

Rangées dans la section italienne de la bibliothèque depuis près de 500 ans, elles n’ont jamais été décryptées : le cryptage classique de l’époque une lettre remplacée par un signe ou un chiffre est complexifié. Une lettre fréquentant la lettre E ou la lettre S en français peut avoir plusieurs signes pour la remplacer, mais un même signe peut aussi remplacer plusieurs lettres : par exemple le U et le V le I et le J ont le même symbole, ce qui brouille les pistes. Certains signes ne cachent pas de lettres de l’alphabet, mais des préfixes ou des suffixes, tandis que d’autres signes symbolisent des personnages, des lieux ou des dates.

Le cryptage mêle en outre plusieurs alphabets : les lettres sont écrites dans une langue très complexe de 1 500 symboles et, pour ajouter encore à la difficulté du décryptage, Marie Stuart faisait volontairement des fautes d’orthographe. Aussi les chercheurs ont-ils dû utiliser des ordinateurs et surtout d’abord comprendre que les courriers étaient en français, et non en italien, avant de déchiffrer petit à petit ces 57 lettres secrètes.

Au fil des lettres, des intrigues et des complots de cour

Dans ces lettres, la reine écrit à l’ambassadeur de France, Michel de Castelnau, via plusieurs messagers secrets qui déjouent l’étroite surveillance dont elle fait l’objet. Dans plusieurs courriers, on l’y lit se plaindre de son sort, espionnée et enfermée. Elle informe aussi la France sur les intrigues et les différents complots de la cour et demande qu’on lui fasse des rapports. Elle écrit par exemple que le projet de mariage de la reine Elizabeth avec le duc d’Anjou, héritier du trône de France, est un piège qui vise à manipuler le prince pour que la France attaque l’Espagne et que le camp catholique se retrouve ainsi divisé en plein conflit religieux.

Finalement, le duc d’Anjou renoncera, ne trouvant pas Elizabeth à son goût. Quant à Marie Stuart, ses courriers arriveront directement dans les mains d’Elizabeth d’Angleterre car l’une des trois personnes qui les décryptent à l’ambassade de France est aussi un espion au service secret de sa majesté. C’est pour cette raison que quelques uns de ces courriers se trouvent aussi en clair dans les archives britanniques, preuve supplémentaire de leur authenticité.

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