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Dans le rétro : il y a 60 ans, le "carré blanc" apparaissait pour signaler violence et nudité à la télévision

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DLR_CARRE_BLANC
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Article rédigé par franceinfo, Stéphane Hilarion
France Télévisions - Rédaction Culture

Le 26 mars 1961, l’ORTF instaurait sur l’unique chaîne de télévision française le "carré blanc". Une signalétique destinée à alerter les téléspectateurs sur les programmes pouvant présenter de la violence ou de la pornographie. "Dans le rétro" revient sur l’histoire du premier dispositif destiné à protéger la jeunesse face aux images.

Les années 60 marquent le véritable essor de la télévision et son entrée massive dans les foyers français. Très rapidement, se pose la question de l’information du public sur la nature des programmes présentés. Est-il nécessaire de protéger la jeunesse face à des images qui peuvent heurter sa sensibilité? En mars 1961, décision est prise de créer une signalétique visant à prévenir les téléspectateurs d’un contenu présentant des scènes de violence ou de pornographie (selon les critères moraux de l’époque) dans une France encore très conservatrice et puritaine. Ce sera le carré blanc.

15 secondes de nudité

Le premier film diffusé avec ce carré inséré en bas à droite de l’écran fut Riz amer de Giuseppe de Santis avec  Silvana Mangano et Vittorio Gassman. L'apparition de ce carré blanc a été prise peu de temps auparavant.
En effet, la diffusion en janvier 1961 de L’Exécution de Maurice Cazeneuve allait provoquer l'indignation de nombreux téléspectateurs. En cause, une scène de quelques secondes où la jeune actrice Nicole Paquin apparaît nue de dos. Une scène qui aujourd’hui passerait totalement inaperçue.

Mais, à l’époque, on ne badine pas avec la morale, et les responsables de la télévision veulent donner un outil aux parents pour leur permettre de savoir ce qu’ils peuvent ou non montrer à leurs enfants et, ainsi, éviter les mauvaises surprises. L’ancêtre du contrôle parental était né !

En plus du carré blanc, il est acté, également, que les programmes dits sensibles ne seraient jamais diffusés en journée ou le week-end, réservés aux programmes familiaux, mais à des heures tardives.

Censure ou liberté ?

Quand on dresse la liste des œuvres jugées sensibles au cours de l’histoire du carré blanc, il y a de quoi être surpris, car beaucoup, aujourd’hui, ne seraient même pas déconseillés aux moins de 10 ans. Déjà, à l’époque, beaucoup s’insurgeaient contre les décisions du comité de surveillance dénonçant une forme de censure, alors que pour de nombreux cinéastes, producteurs ou autres scénaristes, le carré blanc est accueilli comme une forme de liberté. En avertissant le public lors de la diffusion, ils peuvent laisser libre cours à leur inspiration sans redouter que leur œuvre soit coupée à la diffusion.

Parmi les films estampillés du fameux carré blanc, on retrouve Hôtel du Nord (Marcel Carné), Ivan le Terrible (Serguei Eisenstein), Quai des Orfèvres (Henri-Georges Clouzot), La Traversée de Paris (Claude Autant-Lara), La femme du boulanger (Marcel Pagnol), French Cancan (Jean Renoir), Léon Morin, prêtre (Jean-Pierre Melville). Des émissions de variétés portent, elles aussi, cette indication lorsque le propos peut s’avérer choquant selon les critères du comité de surveillance chargé de classifier les programmes. C’est ainsi que le carré blanc fut apposé lors d'un show musical, en février 1972, Juliette Gréco interprétait Déshabillez-moi !

Devenu rectangle en 1964, le "carré blanc" va perdurer jusqu’au milieu des années 90, puis être remplacé par une signalétique aux formes géométriques colorées. Aujourd’hui, le dispositif est constitué d’un logo signalant l’âge minimal pour le visionnage. Une obligation pour les chaînes de télévision, toujours soumises à des restrictions horaires de diffusion selon la nature du programme. 

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