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150 ans de la République : l'historien Fabrice d’Almeida juge le discours d'Emmanuel Macron "extrêmement maladroit"

Professeur à l’université Paris II Panthéon Assas, il relève que pour un discours prônant l'intégration, les mentions à des personnes d'origine maghrébine ou arabe et aux femmes ont brillé par leur absence.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'historien Fabrice d’Almeida, le 29 mai 2008. (ACERO / EFE)

Fabrice d’Almeida, historien et professeur à l’université Paris II Panthéon Assas, a jugé vendredi 4 septembre sur franceinfo le discours d’Emmanuel Macron au Panthéon pour les 150 ans de la République "extrêmement maladroit et pas très habile" et a pointé "l’espèce d’ignorance de la situation actuelle posée avec une acuité sanglante depuis 2015".

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Première maladresse, selon l’historien, la référence à Félix Eboué comme symbole d’intégration : "J’ai trouvé le discours pour le coup un peu maladroit", car "il essaye d'être intégrateur. Par exemple, il parle de ces Français de sang mêlé, mais paradoxalement, il met Félix Eboué. Félix Eboué est né Français, même s’il est descendant d'esclaves, ses parents esclaves étaient Français. C'étaient des sujets de la France, donc il y a comme une espèce de confusion. Comme si le fait qu'il ait été noir n'en faisait pas un Français de plein droit. Donc, c'est pratiquement contradictoire avec le discours", a-t-il expliqué.

L’historien a pointé une autre maladresse : "Dans le discours, la seule personne d'origine maghrébine, c'est Gisèle Halimi, la seule qui est citée. Quand on est dans une logique d'intégration, on essaye de proposer des modèles à ceux avec qui il y a éventuellement un conflit d'intégration. Et c'est vrai de ne pas voir de musulmans, de Maghrébins ou d'Arabes mis en avant dans ce propos, moi, ça m'a étonné d'une certaine manière. Il y a une espèce d'ignorance de la situation actuelle posée avec une acuité sanglante depuis 2015", selon lui.

Un héritage de la gauche

Emmanuel Macron "a posé quelque chose qui me paraît un peu, disons, l'héritage de la vision de gauche, de l'intégration, avec une égalité sociale et une égalité réelle à construire encore. Il a insisté là-dessus avec ce mot qu'il a beaucoup utilisé, le mot d'adhésion qui n'est pas sans rappeler celui d'intégration, plutôt que celui que revendique une partie de la droite, celui d'assimilation", a-t-il souligné.

Fabrice d’Almeida regrette aussi l’absence des femmes dans le discours du chef d’État. "La liste des écrivains qu'il cite Hugo, Zola, Dumas, Malraux, Césaire, puis Mauriac. Pas une femme ! Or, les femmes de lettres ont été fondamentales en France. Je veux dire qu'il n'y a pas besoin de remonter à Madame La Fayette, Madame de Staël. Le discours, je le trouve extrêmement maladroit et pas très habile dans son désir de reconnaissance et d'affirmation de l'intégration globale des Français", a-t-il affirmé.

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