« Gaulois, une expo renversante » à la Cité des sciences de la Villette
Un cliché parmi d’autres: la « Gaule chevelue », dont parle César, désignait les valeureux guerriers gaulois. Faux ! En fait, le grand Jules voulait parler des chênes et autres arbres inconnus du conquérant.
L’exposition de la Villette a ainsi pour but de donner au grand public une image plus juste de ce peuple dont les textes antiques commencent à parler au IVe avant J.-C. Celui-ci était en fait constitué d’une soixantaine de peuples ou tribus établis sur le territoire de la France, de la Belgique, de la Suisse et du nord de l’Italie.
« Leur image a été particulièrement malléable au cours de l’histoire », observe une responsable de l’exposition. Malléable est bien le mot qui convient. Pour les auteurs antiques, les Gaulois étaient des barbares, vantards et belliqueux, mais au fond des braves gens… Devant le tribunal de l’Histoire, nos pauvres ancêtres ne peuvent pas se défendre : ils n’ont laissé que fort peu d’écrits.
Ce n’est qu’à l’époque moderne que ces « malheureux » seront récupérés. Quand il s’agira d’inventer un roman national. Sous Napoléon III est édifiée à Alise-Sainte-Reine (Côte-d’Or) une statue de Vercingétorix qui emprunte bien des traits à l’empereur… Dans les années 60, l’interprétation est plus cool. Uderzo et Goscinny conçoivent les héros d’une BD qui sera traduite dans des dizaines de langues : Astérix et Obélix. Et Henri Salvador chante, avec son rire tonitruant, qu’il « faut rigoler (…) avant qu’le ciel nous tombe sur le tête »…
La Villette casse donc les mythes. Avec humour, mais scientifiquement en présentant les résultats des travaux des archéologues. Lesquels « continuent à réécrire l’histoire », comme le dit le dossier de presse, grâce notamment à la multiplication récente des fouilles préventives.
On reconnaît dans l’exposition le savoir-faire pédagogique de la Cité des sciences et de l’INRAP, coproducteur de l’évènement. A l’aide de techniques multimédia, de jeux et d’interviews audio et vidéo, le spectateur découvre peu à peu qui étaient les Gaulois. Et ça marche ! Petits et grands, venus en nombre, jouent, écoutent, échangent entre eux. Tout en s’instruisant.
Nos ancêtres mangeaient fort peu de sanglier...
On apprend ainsi que nos lointains ancêtres étaient de grands agriculteurs qui cultivaient blé, orge et épeautre. Contrairement aux idées reçues, ils mangeaient fort peu… de sanglier. Mais bien plutôt du bœuf, du mouton, du porc… et du chien ! Ils adoraient le vin qu’ils importaient en grande quantité des régions méridionales. Une occasion d’entrer en contact avec le monde méditerranéen, notamment avec leurs futurs conquérants romains.
Dans le même temps, les Gaulois étaient de grands armuriers travaillant le fer. La qualité de leurs armes était sans équivalent dans l’Antiquité. De plus, leurs villes, que César appelait oppida (pluriel latin d’oppidum), pouvaient regrouper plusieurs milliers d’habitants et s’étendre sur plusieurs centaines d’hectares. Bref, n’en déplaise à leurs contemporains, nos ancêtres étaient tout sauf des barbares !
C’est d’ailleurs ce que prouve une collection d’objets présentés dans l’exposition, qui mettent en lumière leur organisation sociale, politique et religieuse. Au passage, on peut regretter qu’il s’agisse souvent de copies, fidèles sans doute, mais des copies quand même. A voir absolument : trois pièces majeures (et, elles, authentiques !) du dépôt de Tintignac (Corrèze), amoncellement d’objets métalliques, découverts en 2004. Les formes étranges du « casque oiseau » et celles des deux trompettes (carnyx) surprennent par leur beauté saisissante.
Une « expo renversante », on vous dit. Profitez des vacances de la Toussaint pour vous précipiter à la Villette. Vous verrez, le ciel ne vous tombera pas sur la tête…
« Gaulois, une expo renversante » à la Cité des sciences de la Villette à Paris du 19 octobre 2011 au 2 septembre 2012. Tél : 01 40 05 82 33.
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