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Destruction des sculptures pré-islamiques en Irak: l'UNESCO réagit
Des djihadistes ont détruit des statues, frises et objets pré-islamiques du musée de Mossoul, au nord de l'Irak, selon une vidéo mise en ligne jeudi par le groupe Etat islamique. La directrice générale de l'UNESCO a immédiatement demandé la convocation d'une réunion de crise du Conseil de sécurité des Nations unies tandis que François Hollande dénonçait "la barbarie" des destructions d'oeuvres.
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Le président français François Hollande a dénoncé vendredi la "barbarie" des destructions d'oeuvres pré-islamiques par les jihadistes du groupe Etat islamique, en marge d'un déplacement aux Philippines. "La barbarie touche les personnes, l'Histoire, les mémoires, la culture", a déclaré le chef de l'Etat français devant des journalistes, estimant que "ce que veulent faire les terroristes, c'est détruire tout ce qui est humanité".
Un peu plus tard Jack Lang, le président de l'Institut du monde arabe à Paris réagissait à son tour : "J'apprends avec effroi l'acte monstrueux commis par l'Etat islamique de destruction de biens culturels et religieux à Mossoul. Il faut appeler les choses par leur nom. Ces fanatiques sont des hitlériens. Leur modèle c'est le fascisme hitlérien qui s'est employé à brûler les livres et à organiser des cérémonies d'autodafés", a-t-il souligné dans un communiqué.
D'autres sites archéologiques en danger
Des experts ont déploré ces destructions, qu'ils ont comparées à la démolition des Bouddhas de Bamiyan par les talibans en Afghanistan en 2001. Des archéologues ont fait part vendredi de leur crainte de voir les jihadistes du groupe EI s'en prendre à d'autres sites historiques dans les régions sous leur contrôle en Irak. Les villes de Hatra, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, et de Nimroud, toutes deux au sud de Mossoul, dans le nord de l'Irak, sont particulièrement en danger, selon eux.
"Ils ont prévenu les gardiens qu'ils allaient détruire Nimroud", affirme M. Hamdani, qui a travaillé au département des antiquités irakien. "C'est l'une des plus importantes capitales assyriennes, on y trouve des bas-reliefs et des taureaux ailés... ", dit l'archéologue, joint au téléphone par l'AFP. "Ils vont peut-être aussi attaquer et détruire Hatra". "Je crains qu'ils ne prévoient plus de destructions", déclare Ihsan Fethi, un spécialiste de l'architecture et du patrimoine irakiens, basé en Jordanie. "Ils sont capables de tout, ils sont capables de dire que les temples de Hatra sont païens et de les faire sauter. Qui les arrêtera?"
L'UNESCO pour une réunion de crise du Conseil de sécurité
Selon la directrice générale de l'UNESCO, certaines des statues détruites dans la vidéo venaient de l'ancienne cité de Hatra classée au patrimoine culturel mondial de l'UNESCO, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Mossoul, deuxième ville d'Irak. Elle a également indiqué que ces destructions étaient une violation de la résolution 2199 adoptée par le Conseil de Sécurité de l'Onu début février pour tenter d'empêcher le trafic des antiquités volées en Irak et en Syrie, et qui sont considérées comme une source-clé de financement pour le groupe EI.
"Cette attaque est bien plus qu'une tragédie culturelle, c'est également une question de sécurité parce qu'elle alimente le sectarisme, l'extrémisme violent et le conflit en Irak ", a dénoncé Irina Bokova. Le Metropolitan Museum de New York, l'un des plus grands musées du monde, a qualifié de "catastrophique" ces destructions "visant l'un des musées les plus importants du Moyen-Orient". "La collection du Musée de Mossoul couvre toute la gamme de la civilisation dans la région, avec des sculptures remarquables de villes royales comme Nimrud, Ninive, et Hatra", a souligné le directeur du Met Thomas Campbell.
Reportage : M. Larguet / S. Broomberg / D. Dumas / N. Aibar Destruction des statues à coups de masse
Le petit film de cinq minutes montre des activistes de l'EI en train de faire tomber des statues de leur piédestal et de les détruire à coups de masse. Dans une autre scène, ils ont également recours à un perforateur pour défigurer un imposant taureau ailé assyrien, sur un site archéologique de Mossoul, ville contrôlée par les djihadistes depuis l'été.
"Fidèles musulmans, ces artéfacts derrière moi sont des idoles pour les peuples d'autrefois qui les adoraient au lieu d'adorer Dieu", déclare un djihadiste en s'adressant à la caméra. "Le soi-disant Assyriens, Akkadiens et d'autres peuples avaient des dieux pour la pluie, pour les cultures, pour la guerre", poursuit-il, avant de rappeler que "le prophète (Mahomet NDLR) a ôté et enterré les idoles à la Mecque".Un peu plus tard Jack Lang, le président de l'Institut du monde arabe à Paris réagissait à son tour : "J'apprends avec effroi l'acte monstrueux commis par l'Etat islamique de destruction de biens culturels et religieux à Mossoul. Il faut appeler les choses par leur nom. Ces fanatiques sont des hitlériens. Leur modèle c'est le fascisme hitlérien qui s'est employé à brûler les livres et à organiser des cérémonies d'autodafés", a-t-il souligné dans un communiqué.
D'autres sites archéologiques en danger
Des experts ont déploré ces destructions, qu'ils ont comparées à la démolition des Bouddhas de Bamiyan par les talibans en Afghanistan en 2001. Des archéologues ont fait part vendredi de leur crainte de voir les jihadistes du groupe EI s'en prendre à d'autres sites historiques dans les régions sous leur contrôle en Irak. Les villes de Hatra, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, et de Nimroud, toutes deux au sud de Mossoul, dans le nord de l'Irak, sont particulièrement en danger, selon eux.
"Ils ont prévenu les gardiens qu'ils allaient détruire Nimroud", affirme M. Hamdani, qui a travaillé au département des antiquités irakien. "C'est l'une des plus importantes capitales assyriennes, on y trouve des bas-reliefs et des taureaux ailés... ", dit l'archéologue, joint au téléphone par l'AFP. "Ils vont peut-être aussi attaquer et détruire Hatra". "Je crains qu'ils ne prévoient plus de destructions", déclare Ihsan Fethi, un spécialiste de l'architecture et du patrimoine irakiens, basé en Jordanie. "Ils sont capables de tout, ils sont capables de dire que les temples de Hatra sont païens et de les faire sauter. Qui les arrêtera?"
L'UNESCO pour une réunion de crise du Conseil de sécurité
Selon la directrice générale de l'UNESCO, certaines des statues détruites dans la vidéo venaient de l'ancienne cité de Hatra classée au patrimoine culturel mondial de l'UNESCO, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Mossoul, deuxième ville d'Irak. Elle a également indiqué que ces destructions étaient une violation de la résolution 2199 adoptée par le Conseil de Sécurité de l'Onu début février pour tenter d'empêcher le trafic des antiquités volées en Irak et en Syrie, et qui sont considérées comme une source-clé de financement pour le groupe EI.
"Cette attaque est bien plus qu'une tragédie culturelle, c'est également une question de sécurité parce qu'elle alimente le sectarisme, l'extrémisme violent et le conflit en Irak ", a dénoncé Irina Bokova. Le Metropolitan Museum de New York, l'un des plus grands musées du monde, a qualifié de "catastrophique" ces destructions "visant l'un des musées les plus importants du Moyen-Orient". "La collection du Musée de Mossoul couvre toute la gamme de la civilisation dans la région, avec des sculptures remarquables de villes royales comme Nimrud, Ninive, et Hatra", a souligné le directeur du Met Thomas Campbell.
Reportage : M. Larguet / S. Broomberg / D. Dumas / N. Aibar Destruction des statues à coups de masse
Le petit film de cinq minutes montre des activistes de l'EI en train de faire tomber des statues de leur piédestal et de les détruire à coups de masse. Dans une autre scène, ils ont également recours à un perforateur pour défigurer un imposant taureau ailé assyrien, sur un site archéologique de Mossoul, ville contrôlée par les djihadistes depuis l'été.
Selon des experts, les pièces dont on voit la destruction sur la vidéo comprennent des originaux, des reconstitutions autour de fragments et des copies. Beaucoup proviennent des ères assyriennes et parthiennes, datant de plusieurs siècles avant l'ère chrétienne.
Les Assyriens d'Irak sont désormais une minorité ayant embrassé la foi chrétienne et se considérant comme les habitants autochtones de la région. Plusieurs villages assyriens ont été conquis par l'EI en Syrie voisine ces derniers jours, et au moins 220 Assyriens capturés lors de cette offensive.
Les djihadistes contrôlent Mossoul, la deuxième ville d'Irak, depuis une offensive lancée début juin au cours de laquelle ils ont conquis de large pans du territoire irakien. Ils ont systématiquement pris pour cibles les minorités dans la ville et ses alentours, et détruit le patrimoine archéologique, déclenchant une vague d'indignation internationale.
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