Damas récupère deux bustes antiques saccagés à Palmyre
"Les deux bustes sont revenus mardi et rejoignent les 400 pièces archéologiques qui ont pu être sauvées de Palmyre" dans la province centrale de Homs, a indiqué Maamoun Abdelkarim.
Ces deux hauts-reliefs, dont les visages avaient été gravement endommagés à coups de marteau, sont probablement les seules œuvres d'art sorties légalement de Palmyre après avoir été récupérées par les troupes syriennes. Un mois de travail en Italie a été nécessaire pour leur rendre un visage humain. Ils avaient été endommagés lorsque l'EI a occupé Palmyre de mai 2015 à mars 2016 et y ont détruit les plus beaux temples, des tours funéraires ainsi qu'un grand nombre d'œuvres d'art. Le mouvement terroriste considère les statues ou les mausolées comme de l'idolâtrie qui doit être combattue.
Des centaines de pièces évacuées avant la nouvelle prise de la ville par l'EI
Des centaines de pièces endommagées ont pu être extraites de la ville avant que les jihadistes ne la reprennent une nouvelle fois le 11 décembre dernier. Des journalistes de l'AFP ont vu voir mercredi les deux bustes - l'un masculin l'autre féminin - être transportés du musée de Damas vers un lieu tenu secret.Selon Maamoun Abdelkarim, la restauration des bustes "est le vrai premier pas, visible et positif que la communauté internationale a pris pour protéger l'héritage syrien". "Cela fait partie de la diplomatie culturelle" qui permet "la coopération entre les différents peuples dans la lutte contre l'extrémisme et la barbarie", a-t-il affirmé. "En fin de compte, l'héritage syrien est l'héritage humain."
Un hommage au chef des Antiquités de Palmyre, assassiné en 2015
L'opération de restauration a été considérée comme une façon de rendre hommage à l'ancien chef des Antiquités de Palmyre, Khaled al-Assaad, assassiné par l'EI en août 2015 à l'âge de 82 ans. Les deux hauts-reliefs datant des IIe et IIIe siècles avaient été transférés à Rome, via le Liban.Sur l'un d'eux, dont le haut du visage avait été perdu, les spécialistes ont reconstruit le morceau manquant à l'aide d'un imprimante 3D, une technique jamais utilisée jusqu'alors pour ce type de restauration. Constituée de poudre de nylon synthétique, la pièce nouvellement créée a été fixée sur le visage à l'aide de plusieurs aimants, "ce qui la rend totalement amovible, conformément au principe qui veut que toute restauration soit toujours réversible", a expliqué l'un des restaurateurs Antonio Iaccarino.
"Ce que l'EI a détruit nous l'avons reconstruit. Par le biais de la culture, nous menons aussi un combat idéologique", a assuré le restaurateur italien. Maamoun Abdelkarim a dit espérer que la restauration des autres pièces puisse avoir lieu au musée national de Damas, sous la supervision de l'Unesco qui formerait une équipe syrienne de 20 à 25 personnes.
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