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Après une année terrible, Versailles cherche à se renouveler

Après une année quasiment blanche faute de touristes, et toujours confiné, le château de Versailles se cherche de nouveaux modèles et de nouvelles offres de visites.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le château de Versailles, toujours confiné (10 décembre 2020) (ALAIN JOCARD / AFP)

Après une annus horribilis, Versailles passera finalement les fêtes de fin d'année confiné, jusqu'à une possible réouverture en janvier qui s'annonce pleine de défis voire délicate, puisque l'exécutif n'a pas donné son feu vert à la réouverture le 15 décembre.

L'extension, la semaine dernière, de la fermeture des lieux culturels pour au moins trois semaines supplémentaires a douché les espoirs d'un rapide retour à la normale dans les couloirs de la résidence royale, que la pandémie de coronavirus aura privé de public pendant cinq mois cette année.

Tout avait été pourtant méticuleusement préparé en vue d'une réouverture le 15 décembre, avec en point d'orgue une rétrospective consacrée au peintre Hyacinthe Rigaud qui réunissait pour la première fois les deux exemplaires de son portrait de Louis XIV, l'un des plus reproduits dans les manuels d'histoire.

Versailles est sorti groggy du premier confinement

"Cette exposition a un symbole de résilience, de résurrection", confiait la semaine dernière Laurent Salomé, le directeur du Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, qui a voulu croire jusqu'au bout à une réouverture avant Noël. "Le château de Versailles, c'est un lieu qui n'a de sens que quand il est rempli de monde qui traverse ses allées, ses galeries, quand les jardins sont parcourus par les visiteurs", insistait le conservateur.

Lieu touristique emblématique de la France, le château de Versailles est ressorti groggy du confinement du printemps. Du jour au lendemain, ses grilles dorées se sont refermées et, avec elles, une large part de ses revenus. La réouverture en juin après 82 jours de confinement ne s'est pas traduite par le rebond escompté faute de touristes étrangers, qui représentaient 80% de ses visiteurs. Le nombre total de visiteurs a plongé - "environ 2 millions" cette année contre 8,2 millions en 2019. Le château accuse une perte de 50 millions d'euros et finira l'année, sans surprise, en déficit.

2020 a été "une année terrible, une année quasiment blanche", confirme Catherine Pégard, la présidente de l'établissement public, dont la voix résonne dans une galerie des glaces déserte. "Il y a une vie qui s'est arrêtée et fait que pour la seule sauvegarde du château de Versailles aujourd'hui nous sommes en grande difficulté".

Reconstruire le modèle économique

"Le château n'est pas dans une mauvaise situation comme il pouvait l'être après la guerre, où les toitures fuyaient, où les jardins étaient totalement en jachère", poursuit-elle. Mais "si on veut sauvegarder cette offre culturelle, si on veut que le château de Versailles continue de rayonner dans le monde, bien évidemment il ne faut pas arrêter tous les travaux, tous les chantiers".

Au-delà du plan de relance du gouvernement - 87 millions d'euros sur deux ans - "qui va nous permettre de surmonter les difficultés de l'année 2020", le soutien des mécènes est dans ce contexte essentiel, insiste Catherine Pégard, tout comme la nécessité de renouveler les offres de visites afin d'attirer un public plus large.

"Il faut reconstruire le modèle économique" car "on sait que le retour du tourisme sera très lent", abonde Laurent Salomé. Des pistes de réflexion sont en cours sur "des façons originales, exceptionnelles de visiter Versailles qui, pour une certaine clientèle, peuvent avoir du sens et nous aider un peu à tenir".

Les chantiers se poursuivent

Sur le terrain, et malgré le coup porté par l'annonce gouvernementale, les chantiers et les opérations se poursuivent dans l'attente de la réouverture, à l'image de la chapelle royale qui, après près de trois ans de chantier, va pouvoir présenter au public un toit redoré et restauré.

Les anges ont "enfin bonne mine", s'enthousiasme en haut des échafaudages Frédéric Didier, architecte en chef des monuments historiques et maître d'oeuvre de cette opération. "C'est extraordinaire parce que l'or resplendit : qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente, on a l'impression qu'ils génèrent leur propre lumière."

A quelques centaines de mètres de là, sous les voûtes de l'Orangerie, une autre "opération d'envergure" est en cours : le rencaissage du millier d'orangers, citronniers, pamplemoussiers, palmiers et grenadiers. Mis à l'abri pendant l'hiver, ces "sujets", vieux pour certains de plus de 200 ans, retrouveront leur place d'origine à l'extérieur au printemps après leur "confinement annuel", plaisante Eric Quenea, jardinier et responsable du lieu.

Coronavirus ou non, ajoute-t-il, cette opération se répète tous les ans sans exception, 2020 compris. Seule petite entorse cette année : le traditionnel prêt de 40 oliviers à l'Elysée a été empêché par le confinement, une première depuis 1974 et la présidence de Valéry Giscard d'Estaing.

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