Bientôt un parc Napoléon en Seine-et-Marne ?
Ce projet, dont le budget est estimé à 250 millions d'euros, concerne la commune de Montereau-Fault-Yonne et doit être présenté samedi.
"Depuis 15 ans, la ville célèbre la bataille de Montereau, dernière victoire de Napoléon face aux Autrichiens", remportée le 18 février 1814, au retour de la désastreuse retraite de Russie, plaide auprès de l'AFP Yves Jégo, député-maire PR de Montereau-Fault-Yonne, à l'initiative du projet. Ce rendez-vous "rassemble entre 15.000 et 20.000 personnes dans les rues", dont beaucoup en costumes d'époque. "Nous avons l'histoire avec nous", insiste l'élu d'une ville qui accueille déjà une statue équestre de l'Empereur.
Napoléon, "un produit qui marche bien", selon un descendant des frères Bonaparte
Pour Yves Jégo, Napoléon est une "marque-monde", un personnage "marquant pour l'humanité", connu d'Angleterre en Russie, qui peut faire venir "entre 1,5 et 2 millions de visiteurs par an". Mieux encore, Napoléon est "un produit qui marche bien", renchérit en toute franchise Charles Napoléon Bonaparte, descendant de Jérôme Bonaparte, le frère cadet de l'Empereur Napoléon 1er, qui juge l'idée "très bonne, dans un monde où le loisir est porteur". Il pronostique ainsi : "Il y a moyen de décliner cette histoire de manière ludique, avec une nouvelle approche, une dynamique de spectacle et un regard moins érudit."
"On peut penser à des promenades imaginaires entre l'Egypte, la Russie, des reconstitutions de batailles mais à une seule condition: être moderne, avec des mises en scène ludiques et numériques", détaille de son côté Yves Jégo, pour qui l'idéal "serait de poser la première pierre pour le bicentenaire de la bataille de Montereau, en 2014".
Quelle faisabilité pour un tel parc ?
Le coût du futur parc Napoléon, qui s'étendrait sur 100 hectares, est estimé à 250 millions d'euros, avec un partenariat public-privé. Un budget "identique à celui du Futuroscope à Poitiers", souligne Yves Jégo, le député-maire de Montereau-Fault-Yonne.
De son côté, l'ancien préfet de l'Essonne Jean-Louis Dufeigneux a élaboré une note d'opportunité pour démontrer la faisabilité du projet présenté samedi à Montereau, pour le 198e anniversaire de la bataille.
Plus réservé, Laurent Albert, directeur général du parc du Puy-du-Fou (Vendée), modèle du parc historique qui a réussi, rappelle que, si le thème Napoléon "paraît très bon", il est "compliqué aujourd'hui de monter un parc". Pour commencer, cela nécessite "un bon financement, des équipes motivées et dynamiques". Et le DG du parc du Puy-du-Fou de prévenir : "Maintenir un parc sur plusieurs années, c'est très difficile, il faut être très rigoureux." Il rappelle au passage que le parc voulu par Philippe de Villiers (créé en 1989) "s'est monté petit à petit, en comptant le moindre euro".
Inlassable défenseur du projet, Yves Jégo rappelle que "l'Ile-de-France est la première région touristique du monde, avec une économie très attractive liée à ce secteur", et affirme que son "projet peut créer 3000 emplois directs et indirects". Cela "peut prêter à sourire" mais un parc historique dédié à l'empereur serait "un véritable levier de développement économique pour la région et pour le sud du département, comme Disneyland l'a été pour le nord de la Seine-et-Marne".
Une aura flatteuse... mais pas pour tout le monde
Dans l'imaginaire de nombreux Français, l'empereur Napoléon 1er bénéficie toujours d'une aura de légende, servie par ses victoires militaires (Austerlitz en 1805, Iéna en 1806, Friedland en 1807, Wagram en 1809...), des inovations et modernisations qu'il apporta à l'Etat (la création du Code civil en 1804...), mais aussi par cette image charismatique immortalisée par les tableaux de Jacques-Louis David (1748-1825).
Quand ce parc verra le jour, souhaitons que l'Empereur y soit représenté dans toute l'intégrité et les paradoxes du personnage et de son parcours. Aux yeux des historiens, et d'une partie de l'Europe (et bien au-delà), Napoléon 1er instaura un régime qui s'avéra autoritaire, pratiquant la propagande à grande échelle, et coûteux en vies humaines, les campagnes militaires étant meurtrières et n'épargnant nullement les civils.
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