"Tellement précieux et tellement rare" : la riche histoire du vase gallo-romain découvert à Autun

Ce vase, daté du IVe siècle après JC, comme de nombreux autres objets découverts dans une nécropole de Sâone-et-Loire, est au cœur de l'exposition "D'un monde à l’autre", au Musée d'Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye.
Article rédigé par Olivier Emond
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Ce vase diatrète a été découvert en 2020 par l'Inrap dans une nécropole paléochrétienne à Autun (Saône-et-Loire). (OLIVIER EMOND / RADIOFRANCE)

C’est une plongée dans une période historique charnière : quand l’empire romain s’effaçait peu à peu pour laisser place à l’époque médiévale. L'exposition "D'un monde à l’autre" du Musée d’Archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye, dans les Yvelines, emmène les visiteurs à Autun, en Bourgogne, où de récentes fouilles sur une nécropole ont mis au jour des objets exceptionnels, dont un vase en verre sculpté, magnifiquement restauré.

Certes, l'objet est de taille modeste : 16 centimètres de diamètre, moins de 13 cm de haut. Mais ce petit vase en verre blanc dévoile, à y voir de plus près, des décors d’une grande finesse, comme cette inscription latine, "Vivas Feliciter" ("Vis avec félicité"), qui se détache en relief, lettre par lettre, sur tout son pourtour.

Un objet de prestige, très complexe à façonner : "Ce sont des vases qui ont été sculptés dans un seul bloc de verre. Ils sont exceptionnels parce qu'ils représentent plusieurs mois de travail", souligne Carole Fossurier, archéo-anthropologue à l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) qui l’a découvert sur le chantier de fouille de la nécropole de l’église de Saint-Pierre-l’Estrier, à Autun.   

Sur ce vase très précieux, taillé dans un seul bloc de verre, une inscription latine : "VIVAS FELICITER" ("Vis avec félicité"). (OLIVIER EMOND / RADIOFRANCE)

Monumentale Augustodunum

Le vase a été retrouvé brisé dans un sarcophage de pierre. On ne sait rien du défunt à qui il a été offert. Mais l’objet et les traces analysées de son contenu, notamment du très rare et précieux ambre gris, plaident pour un personnage d’importance. "Ce sont souvent des cadeaux diplomatiques, ces vases sont tellement précieux et tellement rares..., souligne Carole Fossurier  Ils sont faits d'une personne prestigieuse à une autre personne prestigieuse. Ils sont sans doute fabriqués vers Cologne, non loin de Trèves, qui est la capitale impériale. Donc il y a sans doute aussi des liens avec la cour impériale. Après, c'est compliqué d'aller plus loin sans les preuves concrètes..."

Datés du IVe siècle après Jésus-Christ, ce vase et les autres objets, bijoux ou gobelets présentés sous les voûtes du Musée d’Archéologie Nationale de Saint-Germain-en-Laye sont aussi l’occasion de raconter la vie à cette époque dans cette ville d’Autun, centre culturel sous l’Empire romain, qui y avait implanté l’équivalent de nos grandes écoles.

Ce plan représente Autun à l'époque romaine, quand la ville se nommait alors Augustodunum. (OLIVIER EMOND / RADIOFRANCE)

"Autun, alors Augustodunum, est dotée de beaucoup de monuments. Il y a un véritable investissement, on va dire public, monumental. Et puis un investissement culturel majeur avec, donc, la création, dès l'origine de la ville, d'écoles d'apprentissage supérieur destinées aux jeunes hommes. Et ce sont des écoles où on enseigne en latin, mais surtout en grec, et où on dote ces jeunes hommes de tout le bagage culturel dont ils vont avoir besoin pour mener ensuite une carrière dans l'Empire romain", précise Agathe Mathiaut-Legros, directrice des musées et du patrimoine, à Autun. La ville doit retrouver son vase cet été, dans un nouvel espace d’exposition, en attendant la fin des travaux de rénovation de son musée historique.

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