350 objets d'art islamique de la collection privée de la famille royale du Koweït exposés à Rome
Forte de 35.000 objets, cette collection, rarement visible hors du Koweït, "est certainement l'une des plus importantes au monde, non seulement par son ampleur mais également par la qualité et l'originalité des oeuvres", a expliqué le commissaire de l'exposition, Giovanni Curatola.
Jusqu'au 20 septembre, sur deux étages et deux parcours, l'un chronologique et l'autre thématique, elle permet d'admirer l'étendue de l'art islamique produit de la Chine à l'Espagne, tout au long d'une histoire riche de 1.400 ans et d'une grande variété de moyens d'expression (céramiques, miniatures, bijoux, tapis, tissus, vaisselle…). Pages du Coran peintes et manuscrites, chapiteaux en marbre ornés d'inscriptions calligraphiées, cimeterres et dagues sertis de pierres précieuses, tapis en laine et soie, vêtements de cérémonie, astrolabes, monnaies, pièces d'un jeu d'échecs en cristal de roche... Les trois grands empires musulmans du XVe siècle - les Turcs Ottomans, les Safavides perses et les Mogols indiens - sont représentés, ainsi que des exemples d'art calligraphique et de sublimes arabesques.
Une 'vraie réponse' au terrorisme
L'exposition, parce qu'elle véhicule culture, éducation et beauté, constitue "la vraie réponse" au terrorisme islamiste, a déclaré M. Curatola, en évoquant l'attentat qui a fait 26 morts fin juin à Koweit. "La beauté, l'amour et la compassion" sont "nos seules armes", a renchéri la Sheikha Sabah al-Ahmad al-Jaber al-Sabah. Quand son mari a acheté son premier objet à Londres - une bouteille en verre émaillé de l'époque des Mamelouks (Egypte et Syrie, XIVe siècle) -, "il ne pensait pas qu'il finirait dans un musée, il était juste fasciné par la beauté de l'objet", a raconté l'épouse de l'émir du Koweit.
L'exposition se clôture par une section dédiée au portrait, qui permet de rompre le cou au préjugé "selon lequel l'art islamique serait iconoclaste", c'est-à-dire sans image, a expliqué le commissaire de l'exposition. Seules les représentations figuratives du divin sont interdites par le Coran : on peut admirer une miniature tirée de l'oeuvre "Khamsa" du poète persan Nizami (Iran, XVIe siècle) relatant le voyage du prophète à Jérusalem sur le dos du "bouraq" (ce coursier fantastique, don de l'archange Gabriel, à tête de femme, corps de cheval et ailes d'oiseau), où le visage de Mahomet est caché par un voile blanc.
Pour l'épouse de l'émir du Koweït, "chacun de ces objets a une histoire à raconter, on engage des conversations avec eux, on voyage avec : c'est un dialogue esthétique et culturel permanent". En février 1983, à l'occasion de la fête nationale koweïtienne, le couple royal décide de mettre en dépôt cette collection au musée national du Koweït afin de la rendre visible à tous. Mais l'invasion du pays par l'Irak en août 1990 est un désastre. Même si la fin de la guerre permet de récupérer la majorité des oeuvres emportées à Bagdad comme butin de guerre, certaines sont portées disparues.
Aujourd'hui, l'émir et sa femme continuent d'enrichir la collection, même si, admet la Sheikha, "il est très difficile de le faire car les pièces de qualité, et disponibles légalement sur le marché de l'art, sont de plus en plus rares".
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