Manfred Thierry Mugler, Willy Rizzo et Lee Young-hee : trois expositions mode à savourer pendant les fêtes
Avec la période des fêtes de fin d'année, voici du temps libre pour visiter des expositions parisiennes. Notre sélection est placée sous le signe de la mode.
Voici trois expositions parisiennes sous le signe de la mode. Regard photographique d'abord, avec les deux premières expos : il y a les puissants clichés du couturier Manfred Thierry Mugler, puis les tirages pleins de peps et de charme de Willy Rizzo.
Troisième exposition coup de coeur, celle des créations de Lee Young-hee, première Coréenne à présenter une collection de prêt-à-porter à Paris en 1993. Elle est considérée par son pays comme sa plus grande figure de la mode et le musée Guimet dispose de la plus importante collection au monde de textiles coréens en dehors de la Corée.
Manfred Thierry Mugler, le couturier-photographe de l’impossible
Manfred Thierry Mugler est incontournable en ce mois de décembre : à sa rétrospective Couturissime à Rotterdam et à la sortie de sa monographie Manfred Thierry Mugler Photographe s'ajoute une exposition d'une soixantaine de tirages photographiques, jamais présentés, à la galerie Polka à Paris.
Ces photographies rendent hommage à ses modèles, captivantes créatures shootées dans le monde entier. On découvre des supermen et superwomen sublimés et stupéfiants, hauts perchés sur leurs talons ou leurs piédestaux. Sans trucage, avec une imagination surprenante et surtout un culot déroutant, le créateur balade ses super-héros au-dessus des villes, sur les toits des immeubles, sous les sabots des chevaux du Grand Palais et des aigles de l’Opéra Garnier à Paris, dans le désert du Sahara, à l’ombre des Iceberg de Disko Bay (au Groenland),… Des voyages qui font étape en Chine, Russie, Japon, Afrique, Mexique, France, États-Unis...
Loin du reportage ou de la photo de voyage, “Mugler est, dans cette aventure, le photographe mais aussi le metteur en scène, celui qui tient tout sur ses épaules", écrit la journaliste Marie Colmant. "Celui qui a l’image idéale dans la tête et qui ne mettra un terme à cette quête qu’une fois l’image dans la boîte.” Helmut Newton, qu’il admire et dont il s’offre les services en 1978 pour une campagne de la maison Mugler, l’apprendra à ses dépens. Mugler, homme de théâtre et de spectacle, lui souffle tellement de suggestions de mise en scène que Newton lui propose de prendre lui-même l’appareil en main. Aussitôt dit, aussitôt fait : Mugler, le designer, devient alors Mugler, le photographe, aux frontières de l’art, de la publicité et de la science-fiction. “Ma patte, c’est un point de vue poétique sur une réalité qui peut être banale, c’est le contraste, le vertige, comme disait Amélie Nothomb mais c’est toujours vrai. Le rêve au coin de la rue.”
Exposition "Manfred Thierry Mugler Photographe" jusqu’au 11 janvier 2020. Galerie Polka. 12, rue Saint Gilles. 75003 Paris.
L'esprit pop du photographe Willy Rizzo
Willy Rizzo a commencé sa carrière à l'âge d'or du photojournalisme. Il est devenu célèbre pour ses portraits mémorables et emblématiques de célébrités. Avec la confiance des stars, le photographe s'est distingué par des mises en scène inédites qui ont signé un style. Photographe de presse, il fut l'un des témoins du XXe siècle. En capturant dans son objectif des instants de mode, il a fixé les évolutions stylistiques à travers le temps et témoigné.
La galerie, qui porte son nom, lui consacre une exposition. Placée sous le signe de l'univers pop, elle plonge dans les attitudes, les gestes, les couleurs et l'élégance des années soixante-dix avec plusieurs oeuvres iconiques, inédites. Cette trentaine de tirages argentiques, signés et numérotés, met en scène sa femme (qui fut aussi sa muse) l'actrice italienne Elsa Martinelli mais aussi Stéphanie Seymour, Denis Hopper, Jack Nickolson, Marilyn Monroe, Jean Seberg, Jean Lagarrigue, Jean-Paul Goude, César Baldaccini, Jane Fonda, Gérard Fromanger. La galerie accueille aussi des chaises, fauteuils, tables basses, canapés, appliques, cendriers créés par Willy Rizzo, qui travaillait des matériaux d'exception et nobles comme le laiton, l'acier, le marbre et la laque.
Exposition "Pop ! Willy Rizzo" jusqu'au 28 mars 2020. Studio Willy Rizzo. 12, rue de Verneuil. 75007 Paris.
Courrez également voir pendant les fêtes les touchantes photos de corps nus d'Eric Ceccarini dont nous vous avons parlé dans un précédent article. Exposition "The painters project by Eric Ceccarini" jusqu’au 11 janvier 2020. Galerie Hegoa. 16, rue de Beaune. 75007 Paris.
Lee Young-hee, la créatrice de hanbok et grande figure de la mode coréenne
Créatrice de mode peu connue en France mais considérée par son pays comme la plus grande figure de la mode coréenne, Lee Young-hee (1936-2018) a su propulser l’image de la Corée moderne et décomplexée sur la scène internationale. Elle se distingue des autres créateurs coréens par son attachement au hanbok, le vêtement traditionnel de son pays. Elle s’est d’ailleurs toujours définie avant tout comme une "créatrice de hanbok" et non comme une "styliste de mode". Le hanbok, littéralement "vêtement coréen", est composé d’une veste (jeogori) associée avec une jupe (chima) pour les femmes ou un pantalon (baji) pour les hommes. Resté presque inchangé jusqu’à nos jours, ce vêtement n’est plus porté que pour certaines occasions à l’instar des mariages, cérémonies du premier anniversaire ou fêtes du Nouvel An.
En 2019, le musée national des arts asiatiques - Guimet a reçu 2 000 pièces signées Lee Young-hee, et devient le récipiendaire de la plus importante collection au monde de textiles coréens en dehors de la Corée. En octobre 2018, le président sud-coréen Moon Jae-in lui a décerné à titre posthume l’Ordre du mérite culturel, le grade le plus élevé (Geumgwan) jamais accordé à un designer.
Cette très riche exposition-rétrospective est conçue à partir de textiles anciens, d’accessoires et de pièces haute couture. Le parcours revient sur trois domaines essentiels et complémentaires de sa création : ses recherches consacrées au vêtement coréen traditionnel, sa création de hanbok modernes et, enfin, sa création haute couture. Une place particulière est réservée aux "costumes de vent", hanbok en organza de soie coloré, fluides, légers, qu’elle a débarrassés de la traditionnelle veste courte pour mieux les faire entrer dans la garde-robe des femmes d’aujourd’hui. Outre la richesse des pièces présentées, l'exposition propose aussi quelques vidéos.
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Dès les années 1980, Lee Young-hee oeuvre à la diffusion du hanbok et à sa promotion sur la scène internationale en participant à des défilés en Corée et à l’étranger. Pour faire entrer ce vêtement traditionnel dans l’histoire de la mode, elle viendra à Paris où elle présentera vingt-deux collections de prêt-à-porter entre 1993 et 2004, avant de défiler en haute couture, en 2010, 2012 et 2016. En 1993, elle a été la première Coréenne à présenter une collection de prêt-à-porter à Paris.
Exposition "L’étoffe des rêves de Lee Young-hee" jusqu’au 9 mars 2020. Musée national des arts asiatiques Guimet. 6, place d’Iéna. 75116 Paris.
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